[154]. Je suis cardiologue. Je transforme des inquiétudes en sourires
Devenir médecin au Sénégal a été avant tout le rêve de jeunesse du Dr Mounir Dia. Il est aujourd’hui cardiologue, nom donné au spécialiste en maladies du cœur et des vaisseaux sanguins. Exerçant à Dakar depuis 2007, il est enseignant et formateur en cardiologie et expert en hypertension artérielle et prévention des maladies cardio-vasculaires. C’est à ce titre d’ailleurs qu’il appuie les différents efforts de lutte contre ces maladies chroniques non transmissibles.
Dr Dia qui tient un blog pour sensibiliser sur sa matière a accepté de se soumettre à l’exercice CINQ+1.
Quel est votre métier/profession ?
Je suis médecin de profession, spécialisé dans les maladies du cœur et des vaisseaux c’est-à-dire cardiologue.
Qu’est-ce qui vous plait dans l’exercice de ce travail ? Qu’est-ce qui vous donne au quotidien l’envie de l’exercer ?
C’est avant tout la satisfaction et le soulagement que je peux lire sur le visage de mes patients, des parents et accompagnateurs de ces malades. Chaque jour, en allant au travail, je sais que je retrouverai des personnes qui souffrent, inquiètes, désorientées. Je retrouve des personnes qui réagissent diversement face à leur maladie ou sa gravité, selon leur vécu, leur psychologie, leur force mentale…
Ce métier ne connait pas la routine ni l’ennui d’ailleurs, car chaque patient est un cas unique. De plus, je sais surtout qu’elles placent en ma personne, leur espoir, de voir leurs souffrances et leurs peines soulagées, leurs craintes dissipées. Ceci me donne une grande motivation, du courage et la force de toujours aller de l’avant. Je suis toujours assuré d’apprendre auprès d’elles.
C’est ce qui me donne au quotidien l’envie d’exercer ce métier, c’est cet espoir de pouvoir transformer des êtres inquiets qui souffrent, en des personnes soulagées au visage devenu radieux, heureux.
Quel est le cursus (formation académique ou séjour professionnel) qu’il faut pour être un médecin ?
Il faut obtenir un baccalauréat d’une série scientifique (série S) avec une bonne moyenne pour être orienté en faculté de Médecine. Les études médicales durent 7 années suivies d’une année de thèse. Celles-ci sont couronnées du titre de docteur d’Etat en médecine et de médecin généraliste.
La première année des études médicales est purement théorique avec des disciplines scientifiques fondamentales : mathématiques, chimie, physiologie, biologie humaine, etc. C’est en fin de 2e année que commencent les stages pratiques en milieu hospitalier où le futur médecin apprend les soins infirmiers.
L’apprentissage réel de la pathologie médicale commence à partir de la 3ème année. Les études se font en théorie et en pratique : stage hospitalier le matin et cours théorique l’après-midi, jusqu’en fin de 6ème année. La 7ème année sera purement consacrée à la pratique hospitalière car on est quasiment médecin. La 8ème année est dédiée à la préparation de la thèse de doctorat qui confère le titre de Médecin généraliste. On peut alors exercer.
Il faut en plus 4 autres années pour se spécialiser et devenir cardiologue, pédiatre, gynécologue etc. Cela fera au total 12 ans d’études sauf si on passe par l’internat qui « raccourcit » quelque peu cette durée. Pour sa spécialisation, deux voies s’offrent au médecin généraliste.
La première, voie classique, dure 4 ans de spécialisation après la thèse de doctorat. La seconde voie consiste à faire le concours de l’internat ouvert à l’issue de la 5e année jusqu’à la soutenance de thèse. Ce concours ultra sélectif (une quinzaine d’admis par année au Sénégal) permet de commencer dès la 6e année de se préparer à une éventuelle carrière d’enseignant universitaire, tout en continuant les études médicales générales. J’ai eu la chance de passer par cette seconde voie en devenant interne des hôpitaux juste après ma 5e année.
Etait-ce le métier dont vous rêviez étant jeune ou c’est plus tard que vous l’avez embrassé ?
C’est le métier dont j’ai rêvé depuis l’école primaire. C’était en classe de CE2 où, dans mon village, chacun d’entre nous avait « adopté » un bébé pour aller rappeler à la maman les dates de vaccination. C’était l’installation du Programme Elargi de Vaccination (PEV) pour lutter contre la mortalité infantile au Sénégal.
J’ai aimé le métier de médecin à cette époque-là et j’ai alors « décidé » de devenir « docteur » quand je serai grand.
Quel est le métier que vous recommanderez à votre enfant ? Pourquoi ?
A mon enfant, je ne recommanderai aucun métier, je l’accompagnerai et le guiderai subtilement pour l’aider dans ses choix, sans aucune influence active. Durant mes études supérieures, j’ai vu des étudiants très doués qui ont échoué car ils n’avaient pas assez de motivation pour faire les efforts qu’exigeaient leurs études. Parce qu’ils n’aimaient pas vraiment les disciplines qu’ils apprenaient, c’est juste les parents qui les y ont poussés.
Et même plus tard, devenus médecins, certains d’entre nous ne sont pas devenus les excellents praticiens qu’ils pouvaient être, parce qu’ils n’aiment pas vraiment ce qu’ils font au quotidien. C’est uniquement pour leurs parents qu’ils ont choisi ce métier qu’ils n’aiment pas et qui n’était pas leur propre choix.
Quel est le métier que vous voudriez qu’on vous présente ?
Le métier d’instituteur
[Mise à jour] – Le métier d’instituteur est présenté ici.
4 COMMENTAIRES
Bonjour à tous les lecteurs de ce blog que je découvre et qui est fort attrayant. Je passe également mon bonjour à votre interviewé du jour le Docteur Mounir Dia, illustre enseignant et formateur avec qui nous partageons cette passion pour la médecine et la cardiologie plus spécifiquement. Je voudrais particulièrement vous féliciter Docteur, vous avez bien retracé le parcours très ardu des études médicales, depuis la prépa au bac déjà, afin d’engranger de très bonnes notes, ensuite de la première année jusqu’à la soutenance et plus tard la spécialisation qui elle aussi a ses soubresauts. En tout cas bravo, l’interview suscitera, peut être, qui sait, des vocations pour embrasser le métier de médecin même si je pense que Dr Dia n’est pas loin de battre le record de précocité car à 9 ans déjà il pensait à devenir toubib, tandis que pour d’autres, dont moi, l’amour pour la blouse blanche ne nous est parue qu’au lycée, donc bien tard. Félicitations réitérées et que votre travail puisse vous apporter encore plus de satisfaction pour le bien être des populations.
Merci pour ces mots fort aimables Dr Serigne Mbacké Cissé à l’endroit du blog et de notre invité.
Si vous aussi avez attrapé le virus de la blouse blanche dès le lycée, pouvez-vous nous décrire dans quelles circonstances cela est arrivé?
Merci, Dr Serigne Mbacké CISSE, pour ces mots aimables.
On aimerait aussi que tu racontes ici comment t’es venu l’idée de faire la médecine.
Je salue cette belle initiative, qui est une occasion fort utile de parler de notre métier qui nous passionne tant.
MachaAllah tres content de suivre le parcours de cet illustre maitre qui certes aime son métier, est competent, et s’engage pour les choses aillent de l’avant. Un exemple à suivre