6 décembre 2024

[85]. Elever la consommation au rang de préoccupation citoyenne

 [85]. Elever la consommation au rang de préoccupation citoyenne

L’éducation à la consommation est devenue une priorité dans nos sociétés dites évoluées. On le sait, les pouvoirs publics ne seront bientôt plus en mesure de nous protéger de tous les dangers. Il nous faut donc et impérativement apprendre à agir de nous-mêmes dans le processus de contrôle de la qualité des produits que nous consommons.

J’espère que ceux d’entre-vous qui avaient déjà consommé de la viande d’âne ont fini de la digérer. Et puis, comment pouviez-vous savoir qu’on vous l’avait proposé en lieu et place de la viande de mouton ou de boeuf que vous pensiez avoir acquise? L’affaire a fait réagir les autorités en charge de la question, notamment le Ministre du commerce Alioune SARR qui a promis de sévir vigoureusement. Il a annoncé à la suite d’une « visite de contrôle routinier » dans un marché.

Tolérance zéro pour ceux-là que j’appelle des délinquants. Ceux qui mettent sur le marché des produits impropres à la consommation sont des délinquants. On ne peut pas être patriote et mettre sur le marché des produits périmés. Je lance un appel à ceux-là. On va les combattre et nous utiliserons tous les moyens que la loi autorise pour les sanctionner de la manière la plus sévère. Nous regardons d’ailleurs comment renforcer ces sanctions au niveau d’une nouvelle loi que nous allons proposer à l’Assemblée nationale. Le gouvernement fera face à ceux-là avec la plus grande énergie« 

Alioune Sarr, Ministre sénégalais du Commerce

Dans le chapitre des menaces mises à exécution, on va quand même s’autoriser quelques réserves parce que ce n’est vraiment pas la première fois qu’on en entend, sans suite. Vous vous rappelez l’épisode de la vente de pain? Pour assurer aux sénégalais une bonne qualité de pain (disons du pain propre pour commencer), les autorités avaient décidé que le produit ne serait désormais vendu qu’en boulangerie et dans les kiosques. Il n’y a pas grand chose qui a changé des pratiques qu’elles combattaient.

Qui nous sauvera des « délinquants qui mettent sur le marché des produits impropres à la consommation ?

Les consommateurs placés en ligne arrière

En intervenant de cette sorte, les autorités confirment leur logique de « gouvernance protectrice » dans laquelle elles confinent les populations. Ce type de gouvernance n’accorde aucun pouvoir d’initiative aux citoyens puisque ceux qui nous administrent pensent encore devoir tout faire, tout décider pour nous. Quitte à s’y aventurer sans avoir l’assurance de mieux faire.

Le ramadan est la période par excellence de promotion des produits en tout genre. Nous avons cependant noté que cette publicité à outrance n’est en aucune manière orientée vers la qualité du produit. Elle est plutôt axée sur un potentiel gain à la consommation ou une cagnotte liée à l’acquisition du bien. On nous oriente à grand coup de communication vers le superflu.

Quelles sont (et où sont-elles) les instances chargés du contrôle de qualité ? Quels sont les normes applicables et dans quels domaines le sont-elles ? Quelle est la politique de l’Etat en matière d’éducation à la consommation des citoyens ? Des questions pour lesquelles peu d’entre-nous avons des réponses.

L’élément passé sous silence par le ministre est la part de responsabilité de ses services dans la situation actuelle. Il est courant de voir les agents du contrôle économique ou du service d’hygiène effectuer des visites inopinées au niveau des boutiques ou magasins. L’on se demande par contre, au vu de la persistance des pratiques, si une réelle volonté d’assainir le secteur existe.

Sans éducation, sans préparation, sans responsabilité, les consommateurs se retrouvent entraînés dans une spirale de consommation. Sans réelle maitrise sur le processus de détermination du juste prix ou la disponibilité des produits, les consommateurs se livrent aux mains des commerçants. Ces derniers nous vendent ce qui était annoncé gratuit, nous écoulent des produits périmés annoncés frais et sans fard de la viande d’âne acheté à prix d’agneau.

Il nous faut une éducation à la consommation

Qui mieux que le consommateur peut avoir une vue sur les bouteilles d’eau empalées sous le soleil pendant des semaines? N’avons-nous sous les yeux les boites de conserve ou de mayonnaise décolorés et cabossés ? Combien d’entre-nous lisent les indications inscrites dans les produits que nous acquérons au quotidien ? N’avons-nous jamais été interpellé sur la nocivité de certaines boissons, des bouillons ou même des médicaments payés dans la rue ?

Nous avons certes des associations de consommateurs mais sont-elles à la mesure de nos attentes? Développent-elles assez de programmes de sensibilisation à l’intention de consommateurs à fort taux d’analphabétisme ? Bénéficient-elles du soutien technique ou financier des populations qu’elles sont sensées informer et défendre? .

En tous les cas, l »éducation reçue des parents ou de l’école et transmise aux enfants pourrait être un levier intéressant dans l’éveil des consciences. Cela nous permettra dès aujourd’hui de prêter plus d’attention à la qualité des produits que nous consommons. Cette prise de conscience ira également avec une plus grande exigence envers les autorités.

Celles-ci devront accentuer le contrôle sur la qualité des biens et services au delà des « opérations coup de poing » ou de shows devant les télévisions. Ils n’y arriveront pas cependant sans notre ferme volonté d’y aller avec eux.

Alaaji Abdulaay

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