9 novembre 2024

[182]. Ces passages piétons qui disparaissent de Dakar

 [182]. Ces passages piétons qui disparaissent de Dakar

Les passages cloutés ou passages piétons servent aux piétons à traverser la chaussée en toute sécurité. De constat cependant, ces aménagements disparaissent de plus en plus des routes de la capitale sénégalaise. Leur aménagement ne relève pas simplement du luxe, mais contribue à la sécurité des usagers.

La plateforme Wikipedia définit un passage piéton (parfois appelé passage clouté, malgré la disparition des clous) comme une partie de la route, aménagée afin de permettre aux piétons de circuler en sécurité sur une chaussée, généralement pour la traverser. Il est conçu pour maintenir les usagers groupés dans un espace visible par les automobilistes et où ils peuvent circuler ou traverser en toute sécurité vis-à-vis du trafic routier.

Le site en ligne sanslimites.com donne une définition plus réelle d’un passage piétons. Selon la plateforme, ils sont délimités par des lignes blanches au sol et situés à un endroit où il n’y a pas souvent de panneaux d’arrêt, ni de feux de circulation. Ils doivent donc être très visibles et disponibles dans des zones de forte concentration humaine.

Dans certains quartiers de Dakar cependant, il est difficile voire même impossible pour les  piétons de traverser la route, à cause de l’absence de visibilité des passages cloutés. C’est le cas sur la Voie de Dégagement Nord (VDN) à hauteur  à la cité « Keur Gorgui », un quartier résidentiel. A cet endroit, nous avons d’un côté un dos d’âne et un passage piétons combinés, de l’autre côté, un passage piétons avec des bandées totalement effacées.

Quand personne ne semble s’en soucier

Ibrahima Diop trouvé sur place dénonce cette situation et indexe : « C’est de la faute de l’Etat. On doit mettre au niveau des passages cloutés des policiers pour organiser la circulation. Depuis cette cité, il est difficile de traverser la voie en toute sécurité parce qu’on ne voit presque pas de passages piétons. Les automobilistes aussi ne sont pas compréhensifs, ils roulent en grande vitesse et ne cèdent pas le passage aux piétons. C’est vraiment un calvaire »

Selon Ami Kane, étudiante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), les conducteurs ne maîtrisent pas le code de la route. « Je pense que les conducteurs ne maîtrisent pas le code de la route » râle t-elle avant  d’ajouter  « Ils te voient traverser la chaussée mais au lieu de ralentir, ils roulent  à vitesse comme pas possible. Ce qui est à l’origine de beaucoup d’accidents ici »

Si pour certains, les automobilistes sont fautifs, pour d’autres le service public est le principal responsable. D’ après le vieux Alioune Mbaye, la soixantaine aux cheveux blancs rencontré au quartier Castors « Le service public est responsable ». A certains niveaux, on a du mal à reconnaître les passages piétons. Ils doivent d’ailleurs les repeindre ou alors mettre en place des passerelles pour les piétons. Et on n’aura plus à se disputer la chaussée avec les conducteurs ».

Il note qu’à son âge, il a du mal à voir clairement surtout qu’il marche lentement : « Pour traverser, je suis obligé d’attendre des minutes et des minutes.»

Les traversées hasardeuses et risquées des piétons

A certains endroits de la Capitale et à l’absence de passages piétons, des passerelles sont mises à la disposition des populations pour faciliter la traversée de la chaussée. Ces derniers les délaissent cependant pour s’adonnent  à des traversées hasardeuses. Cette pratique est très risquée et peut engendrer des accidents. C’est une situation qui intervient très régulièrement notamment dans le quartier des Pattes d’oies, à hauteur de l’hôpital Nabil Choukair.

Mohamad Lame un taximan rencontré lors de cette enquête explique qu’on leur colle la mauvaise réputation de rouler « en grande vitesse et de ne pas respecter les passages piétons ». Ce n’est pourtant pas de notre faute, puisque ce sont les clients qui nous mettent  la pression. Les piétons sont fautifs parce qu’ils laissent la passerelle et viennent se mettre en danger sur la chaussée.

Le code de la route n’a pas ignoré la proximité entre chaussée, véhicules et piétons. L’article F3 de la loi n° 2002-30 du 24 décembre 2002 du code de la route prévoit que les piétons « ne doivent traverser la chaussée, qu’après s’être assurés qu’ils peuvent le faire sans danger en empruntant obligatoirement s’il en existe, les passages spécialement prévus à cet effet. Dans ce cas les véhicules doivent leur céder le passage. »

Pour qui la priorité ?

De toute évidence, le piéton est prioritaire, car il est le plus fragile. Rappelons que les conducteurs roulent à grande vitesse et les piétons traversent au hasard, ce qui  est à l’origine de plusieurs accidents. A titre d’illustration, 59% des accidents se sont produits en voirie urbaine en 2016, selon les données fournies par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD).

La situation à première vue est paradoxalement liée à l’augmentation de la vitesse sur les routes qui est une conséquence de l’amélioration de la qualité du réseau routier. Il faudra souligner que le non respect du code de la route entraine beaucoup d’accidents. Une fois sur le passage clouté, le piéton a la priorité mais ce dernier doit quand même emprunter les passages cloutés pour sa propre sécurité.

Il faudra, par ailleurs, que les automobilistes respectent les dispositions du code de la route, en cédant le passage aux piétons. Ce devra toujours être le cas lorsque ces derniers empruntent les passages cloutés. En outre, les pouvoirs publics doivent procéder à la repeinte de tous les passages piétons. Cela permettra aux usagers de bien les repérer afin de les emprunter en toute sécurité.

Bintou Cissé

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