6 décembre 2024

[18]. Où sont passés les jardins publics à Dakar?

 [18]. Où sont passés les jardins publics à Dakar?

L’habitat dans la capitale est largement caractérisé par la promiscuité et le manque d’espaces libres renforce ce sentiment. Une des rares solutions offert aux habitants est la fréquentation d’espaces publics aménagés à cet effet. Il arrive cependant qu’en certaines zones, une utilisation éloignée de la destination, y a cours.

J’avais envie de donner la parole à un paysagiste pour traiter de cette question mais je n’en ai pas encore  trouvé. Si vous en connaissez, n’hésitez pas à me filer son numéro pour des réponses aux questions en suspens. D’ici là, parlons de ce qu’on connait de l’aménagement des espaces verts, parcs et aires de jeux pour enfants.

La municipalité de Dakar avait pris l’initiative d’aménager des espaces publics dans certains quartiers. Les zones cibles concernaient les Allées Liberté vers le rond point Jet d’eau et les deux voies de Sacré-Cœur. Dans ce dernier endroit, ces bancs publics ont été installés et l’espace bien aménagé est quelque fois utilisé pour le sport. Aménagement presque parfait.

Apparemment, ces espaces servent à tous. Sur l’axe Boulangerie Jaune – Rond point 6, il est fréquent de dépasser un étal de fruits ou de valises installés, disons parqués à même le sol. Il est également fréquent d’y croiser les stands de promotion de diverses marques ou encore des chariots servant du pain chinois ou des nems.

A l’occasion, de jeunes danseurs y tournent leurs vidéos, à côté de kourels du vendredi ou mercredi soir, certainement des talibés baye fall à avoir la cadence des pas et le khoumbay des diang.

Humer l’air de la liberté

Ces espaces publics sont aussi des lieux de rencontres de jeunes couples, collégiens ou adultes. Malgré le vent et les passants, ils roucoulent tranquillement. J’y ai croisé cette semaine un couple d’ados, sûrement de descente de l’école (l’une avait encore sa blouse), enlacés, une tête sur une épaule… seuls au monde et heureux.

Ces aménagements sont un luxe dans Dakar où la frénésie immobilière laisse peu de place à des espaces verts. Il n’existe pratiquement plus d’aires de jeu pour les enfants et c’est traumatisant. Ces enfants-appartements sont traumatisés entre les quatre murs. Lek souf sakh est devenu un privilège pour nos mômes.
J’adore personnellement flâner dans les rues. C’est peut être du au fait que je suis né à Kaolack. Du lever au coucher du soleil, on est dehors, comme si on avait pactisé avec lui. Dakar mom dafa melni khamougn banc mbed. Fi mom dagno yakarné mbed mi pour gardiens yi leu, auto yi wala les animaux et malades mentaux errants.

Je me rappelle encore de ces mauvais souvenirs dans cette capitale où chacun reste chez soi à regarder la télé, à lire ou à dormir. Je n’avais d’issue que la boutique du coin, bitik peul fouta bi, point de convergence de tous ces ados mal maîtrisés par leurs parents et qui en profitaient pour fumer une clop.

C’est aussi vrai que nous sommes devenus de plus en plus casaniers, par défaut et moins souvent pour option. Cela explique certainement le peu d’intérêt que nous avons pour les espaces publics. Ils sont quasi absents dans les quartiers où tout est béton, à l’exception notables des cités construits par Aliou Sow de CSE (à l’image).

Nous étouffer dans nos maisons

Même dans les cas où ces aménagements existent, le grand défi reste de les maintenir propres et fréquentables. Si la mairie ne prend pas le soin d’assurer l’entretien de ces espaces, ce sont les riverains qui en font un dépotoir d’ordures, les transférant aux moutons et aux vaches.

Dans certains cas nak, c’est une personnalité qui a des vues sur l’espace qui enclenche l’opération d’insalubrité. Le procédé est simple : laissez l’espace non entretenu être envahi par les mauvaises herbes, faites caillasser les lampadaires pour un faire un lieu supposé de fréquentation des bandits. Peu de temps après, rachetez le et faites-en un immeuble.

C’est ce qui s’est passé dans un des quartiers réputés de cette ville. Je n’ai cru en cette histoire que lorsqu’un vieux du quartier me l’a confirmé au détour d’une discussion. Pendant longtemps, cet espace public était le lieu de rencontre des personnes du troisième âge.

Alaaji Abdulaay

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