[130]. Faire face aux agressions environnementales
J’ai été au Camp Climat organisé par les mouvements Alternatiba et Eclaireurs du Sénégal dans l’Aire Marine Protégée de Bamboung. Cet espace est aujourd’hui protégé de toute activité humaine notamment de la pêche, l’agriculture et la chasse. La mesure a d’abord découlé d’une initiative citoyenne formalisée ensuite par les pouvoirs publics.
Cette réaction, initiative de survie si vous préférez, est née d’un constat alarmant lui-même résultant de l’action de l’homme. Une exploitation abusive a fait qu’à un moment, les distances habituellement parcourues pour aller pêcher a quadruplé. Cette première aire marine protégée du Sénégal subissait également et durement les effets des changements climatiques.
Les réactions de ce genre ont continué et il y’a aujourd’hui 11 aires marines protégées notamment à Saint-Louis, Kayar et en Casamance. Ces sites sont gérés par des représentants des communautés villageoises et de l’Etat, autour d’un comité de gestion. Ces aménagements ont permis aux alvins (petits poissons) d’avoir des lieux de refuges et aux chercheurs de suivre l’impact. Le site abrite un écolodge où on peut également passer de paisibles vacances.
En parlant d’impact de l’action de l’homme sur cette terre, je dois avouer avoir vécu un choc « environnemental » lors de ce séjour. Bamboung n’a pas d’électricité ni d’eau courante et n’est accessible que par une traversée en pirogue de la mangrove. C’est dire donc que l’environnement contraste d’avec celui urbain que nous connaissons habituellement.
Comparé à mon quotidien, j’ai pu me rendre compte des quantités importantes d’eau et d’énergie qu’à titre individuel je consommais. Je n’évoque même pas les gaspillages voulus ou subis mais des utilisations qui nous semblent « rationnelles ».
Déclenchez votre « choc environnemental »
Vous êtes-vous déjà interrogé sur les quantités d’eau et d’énergie utilisées chaque jour à titre individuel? Avez-vous une fois imaginé l’impact sur nous-mêmes, le voisinage, notre ville, le pays, le continent, la planète? Nous n’en avons généralement aucune idée précise, elle nous relativement invisible. Et pour beaucoup d’entre nous, ce qui n’est pas visible n’existe pas, n’impacte pas.
Au cours de ce séjour, je me suis rendu compte de l’impact de mes actions quotidiennes sur l’environnement et les dommages causés à autrui. Notre mode de vie citadine fait que nous n’avons aucune lisibilité sur le mal que nous causons à nos voisins. Et quand je parle de voisinage, je parle de nos concitoyens, des animaux et de la nature, tous garants de notre propre équilibre.
Connaissez-vous le nombre de sénégalais qui n’ont pas accès à l’électricité ou à l’eau potable alors que nous en avons en pagaille? Combien d’animaux meurent ou migrent parce que leur environnement naturel est dégradé, pour notre confort? Combien de personnes sont dans les eaux ou emportées par elles parce que les éléments ne peuvent plus se contenir, déchaînées par nos agissements?
Qui d’entre nous s’est interrogé sur sa responsabilité dans les inondations dans notre pays et à travers le monde? Idem pour la disparition ou la migration forcée des animaux vers des zones qui leur sont totalement étrangères? Itou sur la hausse de la température et les mauvaises productions agricoles? Qui d’entre nous?
Dans notre quotidien de citoyens urbains, les seules limites fixées à la consommation et la production de déchets restent notre poche. Les seuls moments où nous râlons de nos comportements correspondent aux lourds débits sur nos portefeuilles. Et même dans les cas où nous évoquons la survie de notre espèce, notre individualisme gomme les alertes de notre conscience.
Que faisons-nous de notre conscience d’humains?
Notre voisinage continue à souffrir de nos usages quotidiens des ressources parce que sa disponibilité à nos yeux annihile ses impacts négatifs. Cette planète souffre même si elle continue de nous donner le meilleur d’elle-même. Elle nous demande de réagir à ses signaux de détresse parce que de sa survie dépend du nôtre. Elle se bat et résiste au quotidien même si nous continuons à l’attaquer et à la blesser.
Cette planète a mal et nous le communique tous les jours. Regardons autour de nous, déplaçons-nous, remémorons-nous et nous nous rendrons compte que plus rien n’est comme avant. La situation empire chaque jour et même si elle nous est encore acceptable, d’autres la vivent dans leur chair, sans savoir pourquoi ni jusqu’à quand. Cela nous est-il si étranger, si lointain, si indifférent?
J’étais à ce camp pour échanger avec les jeunes sur la communication et les stratégies de plaidoyer parce que j’ai l’intime conviction qu’on doit se parler. J’ai éprouvé beaucoup d’empathie mais surtout du respect pour chacun d’eux parce qu’ils ont osé se regarder sur le miroir. Chacun des campeurs avait sa motivation personnelle qui justifiait sa présence sur cet espace mais ils étaient là, face à leur responsabilité.
Je n’ai pas été fier du déni que je faisais au quotidien sur la mienne dans ce qui arrive à cette terre, ma contribution à cette souffrance. Pour moi, mon comportement individuel n’avait pas un impact considérable comparé aux ogres destructeurs, cet impact n’existait pas, point barre. Ce que j’omettais, c’est le nombre d’individus qui sur cette planète pensait comme et agissait comme moi.
Agir pour sauver la planète
Je n’aurais peut être pas eu aussi mal ou pris conscience de cette situation si je n’avais pas fait le déplacement. Aujourd’hui sans me culpabiliser outre mesure, je reste persuadé qu’un comportement autre m’aidera à avancer. Nous sommes responsables de ce que nous faisons et de ce que nous sommes. Té sakh, Je n’aurais surtout pas besoin d’attendre qu’un deuxième, une dizaine, des centaines ou milliers agissent pour que je m’y mette.
A chacun de faire ce que lui dicte sa conscience parce que la mienne m’invite à minimiser mon impact négatif et le mal que je fais endurer à d’autres. Je ne prône pas forcément un retour à la période d’avant industrialisation parce que nous ne pourrons le faire. Par contre, nous devons garder à l’esprit que notre action aussi minime soit-elle, a de l’impact.
Je n’ai pas besoin également d’y être encouragé parce que la responsabilité dans la situation actuelle est d’abord individuelle. Si chacun d’entre nous décide d’agir à titre individuel, nous serons des dizaines, centaines et milliers. Nous serons aussi nombreux à questionner nos actes quotidiens, à les examiner sous un angle positif ou négatif et à prendre les bonnes décisions.
Si vous avez des bonnes pratiques, simples à mettre en oeuvre, n’hésitez pas à les partager avec nous en commentaires. D’ici là, je partage avec vous la meilleure chanson entendue jusqu’ici sur le sujet
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