18 janvier 2025

[294]. Sénégal – Cet appel à candidatures qui soumet la patience de la République à une rude épreuve

 [294]. Sénégal – Cet appel à candidatures qui soumet la patience de la République à une rude épreuve

Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye – Image RTS

Dès sa prestation de serment le 3 avril 2024, nous avons commencé à scruter rageusement ses nominations au sein de l’administration. Les premières n’interviendront qu’à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 24 avril 2024 avec plusieurs directions générales qui ont été pourvues. C’est ainsi que la Délégation général à la Promotion des Pöles Urbains de Diamniadio, de l’APIX, la télévision nationale (RTS), le Port autonome de Dakar, l’Aéroport International Blaise Diagne, la Poste, la SN HLM et la SICAP, la SAPCO, l’ADEMPE ou encore l’Office nationale en charge de l’assainissement (ONAS) ont connu leurs nouveaux occupants. Le flot continue et vous pouvez retrouver toutes les nominations intervenues depuis sur la plateforme citoyenne et sénégalaise Vie Publique.

Cela aurait dû nous édifier sur un fait. Avec Diomaye, il va falloir être patient. Très patient même.

Et donc depuis, l’on scrute à la loupe les nommés et les appelés à d’autres fonctions du Conseil des ministres. Et pas que les sénégalais d’ailleurs, ni que les médias nationaux. Il faut savoir que l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a beaucoup intéressé le monde, et notamment l’Afrique. Il a 44 ans, devenant ainsi le plus jeune président de la République élu en Afrique. Il a quitté la prison pour le Palais après une dizaine de jours de campagne électorale et surtout, a été élu dans un contexte difficile que nous avons tous vécu.

Le dernier élément qui me semble important dans cette grille de lecture est cette volonté de rupture prônée par son parti le PASTEF, dissous et réhabilité par le Président Macky SALL. Les leaders de ce parti ont ainsi opté, dès leur début, pour une ligne de démarcation par rapport à ce que nous avons connu au Sénégal depuis l’indépendance. RUPTURE et PROJET ou projet de rupture est la philosophie politique qu’a tenté d’incarner le PASTEF. Ils l’ont vendu aux Sénégalais qui l’ont validé par l’élection de Bassirou Diomaye FAYE à la tête du pays.

Après les engagements, les actes. C’est donc dans ce cadre qu’il faut placer le débat intervenu dès les premières nominations en Conseil des ministres.

La Constitution du Sénégal adoptée le 22 janvier 2001 encore en vigueur, donne au Président de la République, la prérogative de nommer aux emplois civils (Article 44) et à tous les emplois militaires (Article 45). A notre connaissance, aucune conditionnalité n’est attachée à ce pouvoir de nomination. C’est donc dire qu’il peut nommer qui il veut, à n’importe quel poste et à sa convenance. La réunion du Conseil des ministres étant le siège des nominations, le communiqué est donc scruté chaque mercredi.

Il faut reconnaitre que l’option de nommer aux hautes fonctions publiques par appel à candidature avait séduit beaucoup de compatriotes dès que le candidat Bassirou Diomaye Faye l’a annoncé. Cet engagement est contenu dans le « PROJET » dénommé « Pour un Sénégal juste, souverain et prospère » au niveau du chapitre consacré à « l’élaboration de standards et l’application de normes de qualité dans tous les secteurs ». On peut notamment y lire le libellé suivant :  

[…] « Nous consacrerons l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique et du secteur parapublic et normaliser les recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours qui garantit l’égalité des chances aux citoyens »

Pour un Sénégal juste, souverain et prospère – Programme du candidat DiomayePresident

« CERTAINS emplois » ! C’est la réplique que les partisans du PROJET ont brandi pour apporter la réplique à celles et ceux qui s’impatientaient au fil des semaines et mois, scrutant sans cesse l’appel à candidatures pour la nomination des postes. Sans réel contenu à cette notion, l’on peut ouvrir toutes les vannes, laissant à chacun la responsabilité de ce qu’il faut en retenir. Ou alors d’être juste patient et attendre que le candidat, devenu Président, veuille nous en dire plus.

Chaque mercredi, à 20 heures, jeu de chaises musicales. Les uns sont nommés, les autres appelés à d’autres fonctions, suivant les critères propres au Chef de l’Etat. Ne nous dit-on pas chaque jour que le Président sait ce que nous ignorons ?

« CERTAINS » !  

Et puis un jour, une lueur d’espoir… dans le communiqué du Conseil des ministres du 17 avril 2024. Abordant le point relatif à la politique de transformation de l’administration publique, le Président Bassirou Diomaye Diakhar FAYE demande au Premier ministre Ousmane SONKO de « préparer un projet de décret relatif à l’appel à candidatures pour certaines hautes fonctions dans les secteurs public et parapublic. […] ».

L’on se dit alors que la machine est enclenchée et que cela ne saurait tarder. Peut-être même que d’ici au prochain Conseil, les critères seront rendus publics. L’on attend, encore. Et puis encore. Et puis patience jusqu’à ce qu’un autre acteur de la galaxie consente à relancer le débat.

Dans une interview accordée au quotidien L’Observateur le 3 mai 2024, l’actuel « Haut Représentant du Président de la République » depuis le 26 août 2024 et ancienne directrice de campagne du candidat Bassirou Diomaye Faye lors de la présidentielle de 2024 précise qu’il n’y a en réalité pas de quoi fouetter un chat. Elle nous informe notamment qu’il existe pas moins de 188 postes de Directions d’agences à pouvoir sans compter les Directions générales des ministères. Et donc, « si on voulait faire passer tous ces postes par appel à candidatures dans les règles de l’art, dans 2 ans on n’aurait pas fini l’exercice de recrutement« .

En attendant donc que l’information sur les postes à pourvoir par appel à candidature soit rendue publique, nous reconnaissons un fait. Opter pour la nomination de citoyen.ne.s sénégalais.e.s à des postes dans la haute administration et ce, à l’issue d’un appel à candidatures, est une nouveauté. Au-delà de toute autre considération que les autorités mettront en avant dans le choix des hommes et des femmes engagés pour le développement du Sénégal, le critère de la compétence pourrait faire son effet. L’idée est donc à encourager et nous avons toutes les raisons de tester davantage notre patience.

Les questions subsistent mais les réponses n’arrivent toujours pas. Nous vous en livrons celles qui refusent de nous laisser tranquillement patienter. Les directions pour lesquelles des titulaires viennent d’être nommés par le Président Bassirou Diomaye FAYE seront-elles exclues ou inclues dans le décret ? Gardera-t-on cette réforme pour le menu frétins ? S’il est évident que chaque direction compte et répond à un besoin précis, l’on peut aussi s’entendre sur le fait qu’elles n’ont pas toutes les mêmes envergures et influences. La compétence technique sera-t-elle le critère prépondérant ou plutôt d’autres considérations comme l’expérience déjà engrangée au niveau du poste ?

Alors que l’on pensait tout « perdu », le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar FAYE lui-même, remet une couche. A l’occasion du traditionnel message à la Nation prononcé le 31 décembre 2024, il nous révèle qu’en réalité, la patience est une vertu et que nous avons eu raison de patienter parce que le processus est presqu’à son terme. Il nous indique avoir déjà instruit le Bureau Organisation et Méthode de travailler à l’identification des postes clefs devant être mis en compétition, de proposer des modèles types de fiches de postes et des règles d’organisation et de fonctionnement du comité de sélection des candidats qui lui seront soumis, au bout du processus, pour nomination.

Alaaji Abdulaay

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