[34]. Le penalty raté de Cheikh Bamba Dièye
Il est très difficile de parler d’un homme politique, surtout au Sénégal où l’on est aisément étiqueté partisan, adversaire ou bras armé d’un concurrent. Qu’à cela ne tienne, ce sont des hommes publics, futurs décideurs de nos destinés et donc objets d’analyse des citoyens.
Je l’avais déjà tenté avec le maire de Dakar Khalifa Sall. Aujourd’hui, je récidive avec Cheikh Bamba Dièye, ancien député – maire de la ville de Saint-louis et ministre démissionnaire.
Je ne revendique aujourd’hui aucun autre statut hormis celui de citoyen-électeur. C’est à ce titre d’ailleurs que la communication de Cheikh à la suite de sa démission de ministre de la république m’interpelle. Il avait fait le buzz comme on dit en langage fashion.
Je dois avouer que j’ai commencé à prêter attention à Cheikh Bamba Dièye lorsqu’il s’est fait enchainé sur les grilles de l’Assemblée nationale du Sénégal à la veille du vote de la fameuse loi, ce fameux mois de juin.
Cette image a fait le tour du monde puisque la gravité de l’acte a été à la hauteur de « l’affront » fait à l’institution parlementaire qu’il incarne et au peuple sénégalais. Tout a été à son mérite et je crois qu’il en avait récolté les « dividendes politiques ».
Je ne l’ai par contre pas trop suivi en tant que ministre et je ne saurai en dire plus sur son bilan à la tête du ministère de la communication et de l’économie numérique. Je crois qu’il aura l’occasion de le faire. Autre chose par contre m’intéresse dans ce séjour au gouvernement.
On imagine qu’un agenda de ministre est « impossible » et ne laisse que peu de place pour autre chose, notamment la gestion d’une municipalité et d’une base politique surtout lorsque ses adversaires sont balèzes avec de solides attaches à keur gou makk.
Je ne pense pas que le fait de devenir ministre ait été facilité par le désir de l’éloigner de la vieille ville. En réalité, il nourrissait le rêve de devenir ministre, d’en apprendre plus sur les arcanes de l’administration avant de tenter sa chance pour … la présidence.
La suite, on la connait. Cheikh a combattu et a perdu sur toute la ligne. Jusque là, rien de spécial puisque la dame de fer nous a rappelé que Kouy beuré moy danou. Ma yok siné kou danou, diogal feug say yeuré wouti dolé
Malheureusement Cheikh s’est trouvé être un mauvais perdant et son discours hors de propos. Le voici : « Etant entendu que je m’étais battu en 2012 contre un régime avec des convictions claires qui ont abouti à l’alternance.
Lorsque je me retrouve aujourd’hui victime des mêmes situations que je dénonçais pour que les voleurs restent en prison, pour que ceux-là qui ont maille à partir avec la justice puissent répondre de leurs actes, j’ai observé que toute cette rupture n’était que de la théorie.»
Ce n’est pas le fait dénoncé en soi qui pose véritablement problème puisqu’il y’ a du vrai dans ce discours. Le président en a d’ailleurs démontré une fois de plus la pertinence en nommant ministre son « beauf » mais contrairement à 2012, Cheikh a mal calibré son discours de propagande.
Il est vrai Cheikh que gouvernement mo raw rouleur compresseur. Il te happe, te transforme et neutralise toute velléité de promotion individuelle ou marge de manœuvre. C’est très flippant mais tous ceux qui s’y aventurent le font certainement en connaissance de cause.
On ne peut cependant être au coeur d’un système depuis 2012, y « avaler des couleuvres » de jour, en semaine, mois ou années et n’en dénoncer les tares qu’après … une défaite électorale.
Cette communication ressemble fort à de la manipulation. Nous aurions bien voulu donner crédit à vos dires si vous aviez présenté votre démission dès ‘instant où cette « situation que tu dénonçais » a commencé à émerger d’autant plus que ce n’est pas le fait d’un jour.
Je peux imaginer par ailleurs que pour un homme politique, perdre son statut de député, de maire ou de ministre dans un temps voisin peut très vite conduire à la psychose de l’oubli. L’un dans l’autre, vous avez dû faire une erreur d’appréciation et il va falloir s’assumer et assurer pour survivre.
Peut être que lui-même ou vous lecteur-citoyen avez une une lecture différente de cet acte du Cheikh. N’hésitez pas à partager votre analyse.