[202]. Covid-19 au Sénégal : un mois de gestion d’une pandémie
Un mois après l’annonce du premier cas confirmé au Covid 19 au Sénégal, le ministère de la Santé et de la l’Action sociale a tenu un point de presse ce 2 avril 2020 avec les différents responsables impliqués dans la lutte contre la pandémie. Les organes de presse avaient été invités à communiquer leurs questions le cas échéant au ministère
Le point mensuel de la covid-19 au Sénégal
- 195 personnes testées positives au Covid19
- 55 personnes guéries après les soins
- 1 décès
- 1 évacuation en France à la demande de ses parents
- la tranche d’âge 25-60 ans représente 64% des patients hospitalisés et les +60 ans sont estimées à 14%. Plus les personnes sont âgées, plus le risque est élevé
Il est extrêmement important de pouvoir protéger ces « groupes vulnérables » en respectant l’ensemble des mesures édictées au niveau de la communauté
Dr Bousso, Directeur du Centre des Opérations d’Urgences Sanitaires – 2 avril 2020
- 54% des personnes malades sont des femmes
- Au moins 40% sont des cas importés dans le total des patients positifs et 56% sont des cas secondaires, c’est-à-dire des personnes contaminées par les personnes infectées et ayant importé le Covid19 au Sénégal.
- 4% sont des cas communautaires, donc n’ayant pas de lien épidémiologique.
Si on n’arrive pas à maîtriser les cas communautaires à partir de la semaine prochaine, l’épidémie peut aller dans un sens qui pourrait être très difficile. Il faut donc insister sur les mesures de prévention, la responsabilité des populations. Ces 4% peuvent être très déterminants pour la suite.
Dr Abdoulaye Bousso, Directeur du COUS – 2 avril 2020
Les chiffres sur les contacts sont, de l’avis de Dr Bousso, très dynamiques.
- 2888 contacts suivis depuis le début de l’épidémie au Sénégal dont 1037 qui en ont été sortis
- 1851 personnes sont en train d’être suivies et certaines sont déjà confinées dans des hôtels, notamment au Lac Rose
Si les autorités sanitaires parviennent à suivre ces personnes qui sont déjà dans un espace confiné et protégé, cela permettra de pouvoir maîtriser cette épidémie conclut-il
Les structures de prise en charge
Les malades du Covid19 sont réparties dans six régions du Sénégal
- Diourbel
- Dakar
- Saint-Louis
- Fatick
- Ziguinchor
- Thiès
Dans ces régions, il existe sept sites où les patients sont en train d’être pris en charge
- Dakar (Service des maladies infectieuses de Fann, l’hôpital pour enfant Albert Royer, Dalal Diam, le centre hospitalier de l’Ordre de Malte)
- Touba, centre de santé de Darou Khoudoss
- Ziguinchor
- Saint-Louis
Les capacités d’accueil des structures hospitalières
Au moins 500 lits sont disponibles pour accueillir les malades selon les autorités sanitaires. Le service de réanimation de l’hôpital de Fann dispose déjà de 10 lits de réanimation sont disponibles et au niveau de chaque site de traitement, le matériel de réanimation est disponible ou en train d’être disposé.
Au niveau des centres de traitement, l’ensemble du personnel dispose de matériel de protection et d’équipement. D’autres équipements ont été convoyés dans les 14 régions du Sénégal.
Le point sur les tests réalisés
Si le premier cas positif a été confirmé par suite d’un test le 2 mars 2020, il faut relever que le premier cas suspects a été identifié le 26 février 2020 par les autorités sanitaires. Les tests ont été principalement effectué par l’Institut Pasteur de Dakar et ses unités mobiles déployées à Touba notamment.
Ainsi, du 2 mars au 2 avril 2020, la situation s’est présentée ainsi qu’il suit:
- 1738 échantillons ont été testés, principalement pour le suivi de malades hospitalisés, pour les cas suspects à confirmer et les contacts à haut risque détectés
- 195 cas confirmés
- En moyenne, 53 échantillons testés par jour avec une capacité de 500/jour avec une montée de capacité à 1000 tests/jour. Un minimum, 1 test/jour a été effectué et un maximum 211 tests/jour depuis le début
- L’unité mobile de Touba déployé depuis le 14 mars 2020 prend également en charge les tests effectués pour Diourbel, Louga, Kaolack, Matam, Fatick, Tambacounda, Kaffrine.
- Un laboratoire de Pasteur sera déployé à Ziguinchor.
Comme annoncé le 20 mars 2020 par le ministre de la santé, l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation dirigé par le Pr Souleymane Mboup a rejoint maintenant le dispositif. Les tests à effectuer pour le compte de la région de Thiès lui sont assignés.
Va-t-on vers un dépistage massif des populations?
A l’image de certains pays, européens notamment, qui effectuent des milliers de tests sur leurs populations, plusieurs internautes se sont interrogés sur la stratégie du Sénégal. Lors de la conférence de presse, une réponse a été apporté par les intervenants
Les tests sont pour le moment réservés aux personnes contacts qui deviennent suspects, c’est-à-dire les personnes contacts qui présentent des signes.
Dr Abdoulaye Bousso, Directeur du COUS – 02 avril 2020
Il ne se justifie pas aujourd’hui un dépistage massif qui présente des limites importantes compte tenu des capacités existantes et des aspects logistiques. La situation du Sénégal ne le justifie pas. La stratégie retenue nous a jusque là permis de maîtriser l’épidémie
Dr Amadou Sall, Administrateur de l’Institut Pasteur de Dakar – 2 avril 2020
Quid de l’usage de l’hydroxychloroquine pour le traitement?
Le débat sur l’efficacité de l’ydroxychloriquine dans le traitement du #Covid19. Si le Pr Didier Raoult a conclu à « l’efficacité de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine, une étude clinique chinoise est arrivée à la conclusion qu’il n’y a pas d’efficacité particulière, malgré le potentiel.
Au Sénégal, le produit est bien utilisé pour le traitement des malades et les résultats notés jusque là semblent valider la thèse du Pr Raoult dont on dit qu’il est né au Sénégal :). Le Pr Seydi, en pôle position dans la lutte contre le Covid19 s’est exprimé lors d’un point de presse tenu ce 02 avril 2020, en ces termes
Les patients sous traitement spécifique, notamment avec de l’hydroxychloroquine guérissent plus vite. Mais en matière de science, la constatation seule ne suffit pas. Il faut des recherches poussées avant de valider une attitude mais les résultats constatés nous rassurent et nous allons continuer dans ce sens.
Ces résultats ne doivent pas pousser à l’automédication.
Pr Moussa Seydi, Chef du service des maladies infectieuses de Fann – 02 avril 2020
Ces résultats ne doivent pas non plus pousser au relâchement de la vigilance des populations dans l’application des gestes barrières.
Beaucoup de sénégalais-es aujourd’hui connaissent les symptômes du Covid19 et savent que lorsqu’ils se manifestent, ils ne doivent pas se déplacer vers les structures sanitaires. Il suffit d’appeler gratuitement au 1515 pour bénéficier d’une prise en charge.