15 octobre 2024

[118]. Vivons-nous une crise de confiance ?

 [118]. Vivons-nous une crise de confiance ?

« Crise de confiance » vous ai-je dit? Il est aujourd’hui connu que les jeux de raccourci et les critiques pour la forme n’ont permis à aucune initiative de prospérer. Il arrive que dans la vie, valable aussi pour une Nation, que des interpellations et de nouvelles orientations s’imposent. Nous sommes peut être à la croisée des chemins ou à l’aube d’une lueur mais les choses ne se régleront pas d’elles-mêmes. Elles nous renvoient à nos responsabilités comme c’est le cas ces derniers jours.

Depuis le début de cette année, je publie des articles un mardi sur deux, afin d’avoir le temps de temps d’écrire un billet entre plusieurs urgences. Je n’ai pu cependant m’empêcher de déroger à cette règle pour talonner l’actualité récente qui m’a vraiment interpellé. Je voudrais illustrer mon propos par deux faits qui ont attiré l’attention de la communauté web cette semaine : les cauris d’or et la fête de l’indépendance.

La journée du 4 avril 2017, marquant notre accession à la souveraineté internationale, a été célébrée par un défilé civil et militaire. Les forces de sécurité ont pu communier avec nous par de belles parades majestueusement filmées par la RTS. L’indépendance, qui n’en est pas une pour certains, nous a conféré le pouvoir de décider de notre avenir. Qu’en avons-nous fait ?

Un peu plus tôt, Mbagnick Diop du Mouvement des Entreprises du Sénégal célébré les Cauris d’Or, un événement annuel qui consacre des personnalités. Qu’ils viennent du monde des affaires ou de la politique, les Cauris célèbrent les hommes et femmes qui se sont illustrés par leurs performances. Chaque édition charrie son lot de commentaires mais bou reen bi mom dafa raw, avec de déconcertantes illustrations parfois.

Les cauris « door marteau »

« Ay door leu » a été l’expression la plus utilisée pour décrire cette soirée avec l’image d’un marteau tout en or :). Je suis d’avis que chacun de nous peut et doit se faire sa propre religion des Cauris d’or, surtout qu’ils s’agit pour la plupart d’évaluer des services qui nous sont offertes. Certains commentaires m’ont quand même surpris, certains venant de journalistes dont j’apprécie le talent.

Enoncer que l’attribution des Cauris suit une logique de manipulation de l’opinion et de chéquiers me semble être une lourde accusation. Sans préjuger de leur véracité ou non, une bonne démarche aurait été d’étayer cela par des preuves. A mon niveau donc, « l’existence d’indices » était une belle opportunité d’investiguer pour l’information du public.

Aussi, publier un post sur un réseau mondial pour décrire l’événement comme une grosse farce et s’en limiter à cela, c’est faire preuve de manque de considération. Çà l’est à notre endroit parce que nous accordons du crédit à ce qu’ils disent et c’est manquer de respect aux membres du jury. Je ne dis pas que vous n’avez aucune preuve, vous ne les exhibez pas encore.

Les Cauris d’or, comme tout événement de consécration, reste une bonne initiative. Elle l’est surtout parce qu’on évoque à longueur de journée l’improductivité de nos hommes politiques, si c’est avéré. Et donc si le Sénégal fonctionne bon an mal an, c’est qu’alors des agents de notre administration se tuent à la tâche. Ceux-là méritent une distinction.

Par ailleurs, ceux qui pensent pouvoir faire mieux n’ont qu’à se lancer, parce que sétane jantbi diaroul boukhanté. Mon lutteur Gouye Gui dit que « seul le travail paie », par conséquent, ceux qui trichent céderont la place avec le temps. Ils s’en iront tellement vite qu’ils nous donneront l’opportunité de jouir de notre indépendance. Mais enfin, c’est ce que j’avais cru.

La fête nationale de l’in-dépendance

57 ans que nous sommes un pays indépendant avec les attributs, les droits et devoirs que cela induit. Nous choisissons également, à intervalles réguliers,  les acteurs de confiance chargés d’animer les institutions que nous avons jugé indispensable d’avoir. Et donc lorsqu’on évoque l’in-dépendance, c’est certainement en rapport avec l’usage que nous faisons de cette liberté perdue ou retrouvée.

Dans les débats, la question de la souveraineté politique et économique ressortent souvent. Au plan politique, nous avons la capacité de mettre en place notre propre système d’organisation. Au delà, nous devons accorder plus d’attention au contenu que nous validons, à défaut de laisser à d’autres le soin de choisir pour nous. Simplement.

Nous devons certainement être plus exigeants envers nous-mêmes en essayant de réfléchir sur notre avenir. C’est par ce biais que nous parviendrons à orienter la marche des choses parce que nous nous serons imposés plus de rigueur. Les peuples d’ailleurs pour qui nous avons de l’estime ont, à un moment donné, fait face à leurs propres contradictions. Donnons-nous en les moyens.

C’est également les mêmes paradigmes au niveau économique, social ou même militaire pour rester dans le tempo. Si nous pensons n’avoir pas assez de prises sur nos ressources et les mécanismes pour soutenir notre économie, évaluons-les et offrons des alternatives. Il se dit que nous avons des ressources humaines de qualité, à quoi et à qui devraient-elles servir ?

Il ne s’agira pas de leur ouvrir un boulevard parce que chacun devra avoir la pleine mesure de ses responsabilités envers le pays. Pour développer un pays, il faut que les chômeurs eux-mêmes endossent leurs rôles, dou thiaxane :).

Demain, dès l’aube…

En attendant le défilé dans l’émergence, engageons-nous à consommer local en exigeant des produits de qualité. Encourageons également les initiatives privées en acceptant les succès des uns et des autres, c’est ce qui nous profitera. Cela ne vous avance pas à critiquer ceux qui viennent se servir parce que nous sommes restés inactifs. Finalement et après tout, accepter notre indépendance, c’est assumer notre responsabilité dans ce qui nous arrive.

Alaaji Abdulaay

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