[82]. Crise scolaire : vous n’avez pas le droit!
La crise scolaire qui a cours au Sénégal aura des conséquences néfastes sur l’éducation des enfants, mais plus encore sur la société. Cette société traversée par l’inégalité et la discrimination. Une sociologue l’a analysée pour nous
Dans un pays où les criminels à cols blancs se cachent derrière le Gouvernement et occupent même des postes de haut niveau dans ce même Gouvernement; dans un pays, où l’argent du contribuable sert à appuyer la musique, la lutte et la danse, alors que les chercheurs peinent à financer leurs recherches et que les entrepreneurs tirent le diable par la queue…
Dans un pays où les violeurs sont libérés et sont même réhabilités par la société en se permettant d’être encore des modèles, dans un pays où des supposés criminels sont libérés et peuvent se permettre d’être des donneurs de leçons ;
Dans un pays où ce sont les lutteurs que l’on convoque pour leur expliquer l’importance de Notre Charte fondamentale, dans un pays où les contre-valeurs sont érigées en valeurs, dans un pays où presque tout est un mirage puisque basé sur des simulacres, des faux-semblants.
Dans un pays où on met des milliards dans des institutions qui n’ont pas d’intérêt pour le pays alors que les enseignants, les médecins, pour ne citer que ceux-là, deux corps prestigieux, sacerdotaux, ne sont pas bien payés,
Nous ne vous voulons pas en tenue encore moins en moins en posture de guerre contre nous. Vous voulez vous battre? Faites-le pour nos intérêts! Battez- vous pour le bien-être de vos concitoyens, dans un pays où le Président élu, va régler des problèmes de société en portant la tenue de guerre mais se déguise alors qu’il représente son Peuple pour débattre des problèmes de développement.
Dans un pays où la justice semble être un jouet entre les mains de l’exécutif et l’équité un mirage. Dans un pays pareil, c’est une honte de menacer de licenciement des enseignants qui se battent pour leur survie.
Plus rien ne devrait étonner dans ce pays. Mais, je le suis encore aujourd’hui. Je suis étonnée de voir que malgré tout, le Président de la République et son Gouvernement ne prennent pas la pleine mesure des défis auxquels nous faisons face.
Vous voulez franchir le Rubicon? Vous voulez radier 5000 enseignants alors qu’il n’y en a pas assez dans le système? Vous voulez les licencier alors qu’ils se battent pour leur survie? Vous voulez les licencier alors que vous n’avez pas respecté vos engagements? Allez-y
C’est une honte d’essayer de vouloir faire ployer un corps aussi prestigieux que les enseignants. Vous voulez les radier? Allez-y! N’oubliez juste pas que Benjamin Disraeli disait : « De l’éducation d’un Peuple dépend le destin d’un pays »
Mais enfin, quel est votre véritable agenda pour ce pays? Quel destin voulez-vous pour ce pays? En tous cas, rien n’est plus clair, maintenant, que ce que vous voulez pour ce pays c’est son déclin, ce que voulez pour cette Nation c’est sa déchéance, ce que vous voulez pour cette jeunesse c’est la rendre aigrie et désespérée, la menant vers sa destruction, puisque Madiba le disait : « l’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde. »
Mais qui êtes-vous, donc, Monsieur le Président? Qui êtes-vous vraiment? Vous ne voulez pas changer le monde, disons, vous ne pouvez pas changer le monde, vous n’essayez même pas, nous le constatons.
Mais comment, comment pouvez-vous, en sus, menacer ce qu’il y a de plus noble dans un pays, pour une Nation, ceux qui transmettent le savoir ?
Cette « poigne » dont vous faites montre, nous en avons besoin pour la question des talibés, pour les questions des viols des filles, femmes, et garçons et de maltraitance des enfants.
Cette poigne nous en avons besoin dans les négociations internationales et pour les intérêts du Peuple. Ah tiens, pourquoi pas les APE qui signeraient notre mort prématurée? Ah j’allais oublier la question d’Orange qui suce vos concitoyens. Mais où ai-je la tête? Cela pourrait même être la question de la cimenterie de Dangote qui pollue nos eaux.
Cette « poigne » oui je la mets entre parenthèses, parce que sur cette question, c’est de l’excès de zèle. Un Président ne menace pas ses concitoyens, si vous ne pouvez pas les convaincre, si vous ne pouvez pas respecter les engagements pris, si vous ne pouvez pas mettre les enfants qui étudient dans les conditions non pas idoines mais justes humaines alors, je vous en prie, ne nous menacez pas. Ce n’est pas la première fois que vous le faites !