[54]. A quel feu brûler ces enfants de la République?
Je me mêle au concert de désapprobation au sujet des jets de pierre contre le Président de la République Macky Sall lors de sa visite à l’Université de Dakar.
La violence ne peut être utilisée pour exprimer ses libertés, contester ou s’opposer. Elle est condamnable, elle pollue le message, le rend inaudible donc reste en tous les cas inefficaces.
Jeter des pierres sur d’honnêtes citoyens est tout simplement intolérable. Lorsqu’il vise le chef de l’Etat, l’acte devient plus intolérable du fait des conséquences que cela peut avoir. Qu’aurait-il advenu si les pierres l’avaient atteint? Qu’il en meure ou qu’il se trouve éborgné? Gni khamougn sakh lign gnou narone yobé?
Le fait est grave même si l’histoire récente du Sénégal renseigne que les Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont été caillassés. C’est à l’occasion d’ailleurs que Diouf avait lâché cette expression fameuse et fumeuse. Ce que Wade avait rétorqué, je l’ignore mais Macky Sall a été bien inspiré d’appeler les étudiants à plus de civilités.
Dans les trois cas, ce sont les jeunes qui ont été en première ligne. Ont-ils agi en toute conscience ou ont-ils été les acteurs d’un combat qui leur est étranger? L’avenir nous le dira.
Comme si on s’y attendait
Dans un billet précédent, j’évoquais la situation délétère à l’Ucad avec ce commentaire fort inspiré de Ndeye Fatou Kane « La déliquescence dans laquelle est plongée l’Université Cheikh Anta Diop me désole au plus haut point. Ce temple du savoir, vers lequel nombre de Sénégalais mais aussi d’Africains venant d’horizons divers convergeaient jadis, ressemble à s’y méprendre de nos jours à une zone de guerre […]
On aurait dit aujourd’hui. Discours prémonitoire. En réalité, la situation à l’Ucad ne surprend plus personne. Tout le monde a vu venir et chacun a fait fi d’ignorer le drame qui s’y jouait.
Sur qui jeter la première pierre ?
C’est dans cette université de Dakar qu’on a jeté des cours d’étudiants dans des lavabos avant d’y ouvrir le robinet. Une méchanceté gratuite dans laquelle des étudiants ont été tabassés, violentés, injuriés et blessés dans leur dignité, dans leurs corps, dans une indifférence presque suspecte.
C’est dans cette université de Dakar qu’on a jeté par terre des ordinateurs d’étudiants réduisant en débris le résultat d’années d’épargne, de réflexion et de rêves.
C’est dans cette université de Dakar qu’on a contraint des étudiants à tenir en main des grenades, avec une intention manifeste de porter atteinte à leur intégrité physique. Certaines ont explosé entre les mains de jeunes innocents juste parce que des hommes méchants et cruels ont décidé à un moment qu’ils devaient leur infliger ces douleurs pour leur faire payer je ne sais quoi.
Ils ont souffert et continuent jusqu’à aujourd’hui de souffrir une injustice caractérisée. Oui le président de la République Macky Sall était allé au chevet de certains malades à l’hôpital, avait donné des instructions pour que des enquêtes soient menées et pour que les blessés soient pris en charge.
Mais de cette affaire aujourd’hui, plus personne n’en parle. les parents et amis des victimes ont dû se cotiser pour payer les médocs parce que ceux-là qui devaient faire leur travail ne l’ont pas fait. Et ce sont les mêmes qui aujourd’hui encore promettent l’enfer aux étudiants.
Si on vous a jeté des pierres Monsieur le Président, c’est parce qu’ils n’ont pas fait ce qu’ils devaient faire et pour masquer leurs incompétences, il feront semblant d’être plus fâchés que vous, vous conseillerons de sévir et de châtier, pour « donner l’exemple ».
En parcourant les réseaux sociaux qui peuvent quand même vous faire sentir le pouls de vos concitoyens, vous sentirez cette indignation collective. Il reste que ceux-là qui vous ont visé ne cherchaient ni à vous blesser, ni à vous tuer, ils ont voulu vous communiquer le message qu’ils ont peiné à vous adresser.
Selon que vous l’aurez perçu bien ou mal, vous agirez en conséquence.
Que Dieu veille sur notre République