[214]. Protéger votre enfant du harcèlement scolaire
L’Unesco a retenu le premier jeudi de chaque mois de novembre pour célébrer la journée internationale du harcèlement scolaire. Cette commémoration est due, selon l’organisation, au fait que plus de la moitié des élèves ont subi un type de harcèlement à l’école.
Près d’un élève sur trois a été harcelé par des camarades à l’école au moins une fois au cours du mois précédent, et une proportion similaire ont subi des violences physiques
Unesco.org visité le 14 novembre 2020
Au Sénégal, ce phénomène est présent sous plusieurs formes et les réactions qui ont suivi la publication du tweet de Abdou Touré renseignent à souhait sur sa persistance. Il est fondamental que les élèves soient en mesure de se consacrer à leur apprentissage à l’école et le harcèlement scolaire y est un frein.
Nous avons voulu comprendre davantage le phénomène tout en mettant l’accent sur les mesures à prendre à cet effet par les différents acteurs de l’école. Abdou Touré est commissaire national du programme jeunes de l’association scoutes, éclaireuses et éclaireurs du Sénégal. Il est consultant humanitaire et membre du Comité pour la protection de l’enfance.
A ce titre, il a répondu à nos cinq questions magiques à travers cet interview :
Vous avez tweeté à propos de la journée internationale contre le harcèlement scolaire. Qu’est-ce cette pratique ?
En effet, j’ai tweeté pour partager avec les internautes sur le sujet du harcèlement à l’école afin d’alerter les parents. Il y a eu beaucoup de réactions sur le tweet avec des témoignages d’internautes qui ont osé parler de leurs histoires quand ils étaient encore élèves.
Un harcèlement scolaire est un acte délibéré d’un élève, d’un groupe d’élèves ou d’un enseignant en direction d’un élève, et ceci en vue de l’intimider. Ce sont des comportements répétés et violents qui se manifestent en des moqueries et autres formes d’humiliations.
Sans qu’elle ne soit exhaustive, on retrouve régulièrement sur cette liste le bizutage, les moqueries, l’exclusion dans des groupes de camarades, les rackettes, les violences verbales et physiques, les bousculades et bastonnades, les attouchements et autres actes de nature sexuel qui peuvent aller jusqu’au viol.
C’est une bonne chose d’avoir une journée mondiale du harcèlement scolaire (5 novembre). Cela rappellera constamment les acteurs sur les progrès à faire et la nécessité de créer des temps de formation des acteurs de la protection de l’enfant, des campagnes de sensibilisation dans les écoles et même sur les chaines de télévision.
Quelles peuvent être les conséquences sur l’enfant ?
Les conséquences du harcèlement sont très graves. Elles poussent souvent la victime au relâchement dans le travail, à vivre une peur permanente de se voir humilier ou de se retrouver devant ses bourreaux.
Il peut entrainer même des accidents graves, un manque d’appétit, du stress permanant pouvant même entrainer des envies de suicide ou d’abandon scolaire.
Comment doit réagir un parent qui découvre que son enfant est victime de harcèlement à l’école ?
Les parents doivent être très vigilants en observant les faits et gestes de leurs enfants. Jusqu’à un certain âge, il faut observer le corps de son enfant car il peut cacher des blessures.
Si le parent découvre que son enfant est victime d’un harcèlement, il doit réconforter son enfant et lui promettre de tout faire pour mettre fin à ses soucis.
Il doit aussi mettre en confiance son enfant : ne pas le gronder, ne pas lui mettre une pression inutile, ne pas le dévaloriser car beaucoup de parents ont souvent un mauvais réflexe en criant sur leur enfant ou en lui intimant l’ordre de se venger.
Cela ne résout pas le problème, au contraire, cela entraine une dose supplémentaire qui fait craindre la sanction du parent et de l’écolier harceleur.
Que doit faire l’administration scolaire face à ces actes commis au sein ou aux abords de l’école?
Effectivement, ces actes se perpétuent au sein de l’établissement ou aux abords et parfois même dans la classe. Il est attendu de l’administration scolaire beaucoup plus de vigilance en observant les comportements des élèves, analyser leurs progressions ou chutes au niveau des notes sans ignorer leur présence effective aux cours (concentration et participation).
Il faut en outre créer un cadre de discussion et déchanges entre l’administration et les élèves, organiser des moments de rencontres entre parents d’élèves et enseignants ou encore mettre en place un système de remontée d’informations.
La victime a-t-elle la possibilité de faire face? Si oui, comment ?
Il y a des enfants qui dés le début essaient de faire face aux problèmes en se battant avec leurs poursuivants, en les dénonçant à l’administration ou aux parents.
Ce phénomène nous interpelle en tant que parents et éducateurs. Nous devons continuer à veiller sur la protection des enfants et de leurs droits à vivre dans un environnement de sécurité et à l’abri de la maltraitance.
Merci beaucoup Abdou Touré pour ces éléments de réponses. Vous aussi pouvez nous raconter votre expérience ou nous suggérer des mesures à prendre pour éviter aux enfants cette pratique néfaste à leur santé mentale.