15 octobre 2024

[88]. Notre générosité va t-elle au delà du Pari Mutuel?

 [88]. Notre générosité va t-elle au delà du Pari Mutuel?

Le Sénégal, pays de la Teranga vit au rythme de la générosité de ses enfants. Nous l’avons démontré en plusieurs occasions et pour en assurer la pérennité, on pourrait envisager de l’institutionnaliser.

Dewenaty, balnalen aak, baal léne ma, Yallah bolé nieup baal ndeyssane. Nous venons de boucler un mois de piété, de dévotions et de prières. Borom bi fayal bopam ndaxté dinay dég si waré katt yi sakh niounane koor mom, Borom bi mokoy fayal bopam. Na done fay bi gueune si nioune. Amine.

Nous avons tous remarqué l’élan de solidarité et d’entraide dont les sénégalais ont fait preuve tout au long de ce mois de ramadan. Grâce à l’effort individuel et communautaire, du café et des dattes a été distribué aux passants. Ils nous ont trouvé dans la rue, dans les bus et dans les marchés pour leur permettre de rompre le jeûn.

Nous avons offert de la bonne nourriture aux malades dans les hôpitaux et dans les prisons. Nous avons également, au titre de la prescription religieuse, distribué le « Mouroum Koor » aux personnes démunies. Le « Ndeweneul » ou des habits ont été offerts aux enfants, les nôtres et ceux d’autrui.

Nous avons tous beaucoup apprécié ce qui a été fait. Ces initiatives ont été extrêmement pertinentes aussi bien pour leurs auteurs que les bénéficiaires. Je me souviens qu’un jour de ramadan, j’ai été heureux d’avoir pu déguster le café, le tandarma et le sachet d’eau qu’en guise de générosité, un parfait inconnu m’avait gracieusement offert en ville. Il était un peu plus de 19 heures.

Je retiens donc que nous sénégalais-es sommes capables de faire preuve d’une grande générosité. Aujourd’hui que le ramadan a pris fin, allons-nous cesser ces bonnes œuvres ? Serions-nous capables de maintenir ce cap pour assurer à ceux et celles de nos compatriotes qui en sont dépourvus, de quoi vivre?

Casser du sucre pour se sucrer

Nos amis politiciens se sont toujours fait le devoir de nous conter la misère qu’ils feignaient de découvrir. C’est la plupart du temps au hasard de leurs tournées politiques ou économiques. Oh oui, des habitants qui consommaient du son destiné à l’alimentation du bétail ou qui mourraient de faim. Scoop tout trouvé pour le face à face avec la presse.

Nous ne pourrons pas émerger ni même nous développer si une bonne partie de notre population a faim ou peine à se loger. Quand quelqu’un ne vit pas décemment et peine à survivre, on ne peut en attendre qu’il travaille ou simplement qu’il réfléchisse sur son avenir. On ne pourra également en attendre qu’il se comporte en citoyen normal qui écoute, comprend et demande des comptes.

A moins que le fait de nous garder dans cet état de somnolence prolongé ne soit l’objectif recherché par nos dirigeants pour « dealer » tranquillement. D’ailleurs, « Deal » est ce nouvel os qu’ils nous ont offert à ronger en attendant les événements.

Officiellement, nous sommes un Pays pauvre très endetté rangé dans le tiroir des Pays moins avancés. Officieusement, nous sommes une infime minorité à avoir accès à des moyens de subsistance et à prétendre à un niveau de vie décent. Nous représentons une poignée d’élus à jouir, en toute légalité ou de façon impunément éhontée, de l’argent public.

Il nous faudra sincèrement aller vers plus de justice sociale par une répartition équitable des ressources publiques. Cela ne doit pas être difficile dans ce Sénégal où l’unité monétaire est le milliard. Nous résidons dans un pays où roulent des voitures en série limitée, un pays où les gestionnaires de nos deniers publics ne savent quoi faire de leur « nouvelle fortune ».

Institutionnaliser notre générosité

Nous pouvons toujours ignorer nos compatriotes qui peinent à joindre les deux bouts. Nous pouvons toujours choisir de faire bénéficier de nos largesses ceux et celles qui les accepteront sous les projecteurs des caméras. Afin que nul n’en ignore et nous pouvons toujours faire voir à la main gauche ce que nous donnons par la main droite.

On peut par contre dans une perspective plus généreuse, décider d’institutionnaliser notre solidarité. Pas forcément en l’envisageant comme une prérogative des pouvoirs publics mais simplement comme un acte citoyen. Il nous faut ainsi l’envisager comme une obligation citoyenne de contribution à la construction nationale.

Et nous pouvons le faire dès aujourd’hui. Nous pouvons nous appuyer sur les instruments et mécanismes déjà existants, quitte à les performer. En 2002 déjà, le décret 2002-828 du 19 août instituait un fonds de solidarité nationale « Jappal ma Japp« . Il était financé par une dotation annuelle dans le budget de l’Etat, une contribution des partenaires au développement et des collectivités locales ».

On peut travailler davantage à élargir l’assiette de collecte des ressources. Nous pouvons encourager la contribution des particuliers et des entreprises qui réalisent des bénéfices importants.

Il faudrait  dans le même ordre d’idées mettre en place un mécanisme performant de redevabilité. Pour ceux qui ne souffrent pas de voir leurs bonnes actions tomber dans l’anonymat, prévoir la publication de leurs contributions.

Alaaji Abdulaay

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