9 septembre 2024

[113]. OpenStreetMap, une communauté à l’ère du numérique citoyen

 [113]. OpenStreetMap, une communauté à l’ère du numérique citoyen

wambedmi, oser la citoyenneté

Les technologies de l’information offrent de réelles opportunités aux pays en voie développement en Afrique. L’action de la communauté OpenStreetMap au Sénégal dans la production d’une information géographique accessible en est une belle illustration. Des données fiables sont produites par des volontaires ayant suivi une formation de base. Oui Oui, après une demi-journée, vous serez en mesure de cartographier tout ce qui vous semble d’intérêt pour le public.

Salam Wa Mbedmi,

Je voudrais partager une initiative communautaire découverte au hasard de mes pérégrinations. Avez-vous entendu parler du projet OpenStreetMap? Bien que l’expression n’ait pas son pendant en langue française, les éléments la composant sont faciles à déchiffrer. Le nom du projet est composé de Open comme ouvert, Street comme rues et Map comme carte, voilà #OpenStreetMap!

Souvent présenté comme le Wikipédia de la cartographie, OpenStreetMap est un projet international collaboratif web. Il a pour vocation de créer une carte (dynamique) du monde entier sous licence libre. Depuis son début au Royaume-Uni en 2004, le projet OpenStreetMap est devenu un succès mondial. Il enregistrait, en janvier 2017, environ 7 millions d’utilisateurs pour 2 millions de contributeurs.

L’une des communautés les plus importantes au monde est localisée en Allemagne, suivie des Etats-Unis. La fourniture de données OpenStreetMap a commencé au Sénégal en 2004 grâce à l’action d’étrangers, touristes pour la plupart. La contribution de différents acteurs, quelque soit l’implantation des acteurs, est un trait caractéristique du projet OpenStreetMap.

C’est à partir de 2012 que des volontaires sénégalais ont pris le relais et depuis contribué à donner une vie numérique à beaucoup de « points d’intérêt » selon l’expression consacrée. De la Fondation internationale OpenStreetMap à la communauté locale du Sénégal, s’est développée cette technique participative de création de données géographiques et de cartes. A quelle fin?

Exemple achevé de l’utilisation des données libres

L’utilité du projet a été mise en exergue lors du séisme qui a eu lieu en janvier 2010 à Haiti. Une intervention humanitaire s’était organisée pour porter assistance aux populations. Un obstacle majeur à ces opérations de secours résidait dans le fait que les cartes d’Haïti disponibles étaient plutôt sommaires. C’est à ce moment que la communauté OpenStreetMap a décidé de participer en fournissant une carte libre la plus précise possible.

En effet, quelques heures après la catastrophe et en deux jours, des internautes ont créé à partir de photos de satellites et de plans anciens, une carte complète de Port-au-Prince. Cette carte incluait les centres de secours, l’état du réseau routier, les lieux d’éboulement et toutes les indications permettant aux ONG de s’organiser. Ce bel exemple d’utilisation des données a permis de résoudre un problème jusque là récurrent.

Dans leur usage classique, elles servent à élaborer des cartes papiers ou sur terminal GPS ou mobile. La limite résulte du fait que l’édition imprimée n’offre pas de possibilités de distribution de la donnée pour d’autres usages. Et d’ailleurs, les cartes disponibles sont confectionnées sur la base d’une demande officielle du gouvernement; demande le plus souvent accompagnée d’une offre d’achat.

Nous connaissons également le système de fourniture de données qu’utilisent les cartes Google Maps, MapQuest ou Bing. Le but principal de ces applications est d’afficher les résultats de recherche afin de rentabiliser financièrement leurs activités respectives. Dans certains cas, elles disposent d’outils qui permettent à l’utilisateur de superposer ses propres données au dessus de la carte.

Toutes choses qu’OpenStreetMap vient corriger en rendant accessible la donnée sous-jacente liée à l’information géographique. Une nouvelle démocratie liée au numérique était née, animée par des volontaires. Je les ai trouvé au quartier général, un samedi matin, entre deux gorgées de « café touba ».

Une communauté de volontaires au Sénégal

« J’ai cartographié le réseau routier de Mbour en un week-end » me confia d’emblée un des animateurs.  D’autres localités comme Dakar, Ziguinchor, l’Ile et le quartier de Sor à Saint-Louis, Thiès ou encore Tivaouane sont aussi passées à la carte. Après chaque visite, les points d’intérêt comme les hôpitaux, édifices publics, pharmacies et les écoles deviennent accessibles, en accès libre 🙂

La commune de Grand Dakar reste à ce jour le modèle le plus achevé d’utilisation des données OpenStreetMap. La communauté a réussi la prouesse de cartographier l’état de l’immobilier bâti dans tout le périmètre communal avec une grande précision. Vous pouvez faire l’expérience de consulter les infos sur l’éclairage public, le réseau de transport et même les bâtiments à étage ou en terrasse.

La particularité du projet réside dans la mise à la disposition du public des données. « Nous ne revendiquons pas la paternité des données mises en ligne. Vous pouvez même les utiliser à des fins commerciales parce que certains ont bâti un business autour de ces données libres. »

Elles peuvent également être exploitées comme outils de planification par des structures  de l’Etat. Peut être même que l’agence nationale de l’aménagement du territoire ou d’autres entités liées à la cartographie en usent. L’adressage des rues ouvre d’autres possibilités de collaboration avec La Poste ou les acteurs du e-commerce.

OpenStreetMap au Senegal a également posé un jalon dans l’information liée au circuit du transport urbain. Ces jeunes ont aujourd’hui cartographié tous les arrêts de bus de Dakar Dem Dikk. Ce travail devrait être complété et approfondi dans un cadre formel de partenariat. J’aurais aimé sortir de leur QG et me connecter pour consulter la ligne vers mon domicile.

Je ne rêve pas, la réalité est toute proche. Bravo les gars, vous avez mon respect.

Alaaji Abdulaay

4 COMMENTAIRES

  • « Nous ne revendiquons pas la paternité des données mises en ligne » – bien au contraire: nous en revendiquons la paternité en commun… Et nous les offrons au monde !

    • Et c’est une très bonne chose d’offrir au monde ce qui est en mesure de lui servir.

  • Vous avez parlé des lignes de bus DDD. Eh bien voilà que les données commencent à apparaître sur ce lien.
    http://www.openstreetmap.org/#map=16/14.7601/-17.4474&layers=T

    • Très bien. Nous en sommes tout heureux. Bonne continuation les gars

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