[147]. Ce qu’apporte le parrainage citoyen au Sénégal
La loi sur le parrainage citoyen au Sénégal a finalement été votée par nos représentants. Désormais, nous nous tenons les manettes, mais eux continueront à garder les mallettes. Cette réforme vise cependant à corriger une injustice qui pesaient sur les consciences et nous pouvons donc l’apprécier à sa juste valeur. Seulement, si ce n’était dans nos habitudes de vite oublier, nous aurions toutes les raisons de corriger la prochaine configuration de l’Assemblée nationale. Ameen !!!!
Je voudrais essayer de fixer quelques points de la session parlementaire relative à l’examen de la loi sur le parrainage citoyen. Si vous avez fait de l’histoire du droit, vous vous rendrez compte que les « travaux préparatoires » sont une mine d’informations. Pour l’histoire donc, je partage ces quelques éléments de contexte. Je ne parlerais donc que peu du contenu de la loi.
J’ai pu, pour une fois, suivre une session parlementaire dans son intégralité. Il m’a cependant été nécessaire de revoir nombres de vidéos pour capter toute la densité des interventions des députés et membres du Gouvernement. De ce que j’ai pu constater, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) s’est véritablement positionné comme entité leader à l’hémicycle.
Me Madické Niang, président du groupe parlementaire a livré un véritable baroud d’honneur. Son métier d’avocat le prédispose à la maîtrise de joutes oratoires et l’Assemblée nationale est une belle tribune pour la pub. Cette posture va certainement le remettre en selle dans un parti tiraillé entre deux leaders aux âges extrêmes. Si on y ajoute sa courtoisie et ses entrées, il devrait faire l’affaire…. Kharal ma tiyé sama khel mi sakh.
A l’opposé, on a vu un Aymérou Gning moins teigneux que ne l’était un Doudou Wade de l’époque. Doudou lui était e en première ligne, Moustapha au centre, lui est derrière la troupe. La proposition de fixer un plancher et un plafond, viendra de lui. A 1% sans précision, rien n’empêchait d’en collecter 2 millions afin de neutraliser d’autres, surtout que l’autre doit réduire l’opposition à sa plus simple expression.
Lors de cette session plénière, une lueur d’espoir a traversé, tel un ange sous nos yeux. L’opposition a pas démontrer qu’elle pouvait tenir la draguée haute à une forte majorité numérique lorsqu’elle s’en donnait à cœur joie. Argumentant leurs arguments pendant cinq tours d’horloge, ils ont donné du fil à retordre aux adversaires, ce qui annonçait de belles joutes en perspective. Mais deuk bi mom, boula brise bi rawé …
A malin, malin et demi
Nous avons été plusieurs à nous délecter des déclarations de Moustapha Guirassy, Aissata Tall Sall, Cheikh Bamba Dièye ou Toussaint Manga. Ah oui Toussaint, le jeune qui a osé le rapport de force avec le patriarche, après avoir obtenu une première suspension de séance. Il y’ a des risques que ne peuvent prendre que les plus jeunes, déjà téméraires et si écervelés. La jeunesse a quelque chose de positivement choquante.
Je passe sur la longue demi heure de correction syntaxique et grammaticale que les députés de l’opposition ont administré à leurs collègues. Cela a été douloureux quand même mais c’était pour l’histoire disaient-ils. C’est peut être ce qui a irrité la majorité qui s’est décidé à passer au vote sans débat. Procédure que j’ai trouvé néfaste pour notre droit à l’information et donc Babacar Gaye consteste la légalité dans cette discussion.
Cela a été d’autant plus surprenant que cela vienne de Moustapha Cissé LO, président du parlement de la Cedeao. Je ne parle même pas de la motivation « niou voté té dem gnibi » mais de sa posture de législateur sous régionale. C’était quand même inélégant de clore les débats de cette manière, quoi qu’il ait pu convoquer l’histoire. « le vote sans débat n’est pas une nouveauté, depuis 1998, on vote sans débat » dira t-il.
Sauf que pendant plusieurs heures, les têtes de file Ismaila Madior Fall et Seydou Diouf renvoyaient aux débats pour autres précisions. Les gardiens de certaines valeurs nous ont rappelé de Seydou Diouf qu’il était aussi aux manettes un certain 23 juin. Il y’ a des personnes de cet envergure dans tout système, toujours prêts pour le service. Quel que soit la lourdeur de la tâche, leur hardiesse finit toujours par prendre le dessus. Dafa am niou Yalla may.
Et nous citoyens, dans tout cela?
Les lewato avaient commencé bien avant, lorsque chaque partie s’est promis de livrer et gagner la bataille. Nos esprits ne s’habitueront jamais aux échanges verbales de nos politiciens lorsqu’ils se promettent l’enfer à l’envie. Certainement un début d’explication au courroux de Kilifeu.
Pourtant et n’eut été l’habituelle absence de courtoisie des autorités qui ont interdit toute manifestation, les postures auraient été différentes. Nous avions remarqué l’implication de leaders religieux et de la société civile pour plus de concertation. Et donc contrairement au 23 juin, les facilitateurs d’aujourd’hui étaient du camp des belligérants.
La Radiodiffusion Télévision du Sénégal (RTS 1) a tenté le briefing avec le ministre de la justice et celui de l’intérieur. Même si la parterre d’interviewers a fait penser à une richesse des débats, le résultat a été plutôt compliqué. Evoquer des généralités face à des ministres qui ont travaillé des heures durant sur leurs dossiers, n’était pas très inspiré.
Le débrief n’a guère été mieux sur la Télévision Futurs Médias (TFM). A l’émission « Jakaarlo bi », les chroniqueurs ont fustigé pendant plusieurs heures, des erreurs « contenues dans le projet de loi. Il se trouve pourtant quand évoquant un rapport d’une commission à la place de la loi, ils se sont embourbés dans l’erreur. Un bref coup d’œil sur les multiples vidéos en ligne aurait permis de s’en assurer.
Je n’ai pas parlé du contenu du texte parce que le plus important est certainement ailleurs. Le diable est dans les détails et le siège de ces détails sera la loi électorale à venir. Et à ce niveau, il nous faudra nous impliquer pour éviter l’adoption du texte sans débat parce que l’opposition n’y pourra rien. Rien de tel pour prendre les devants que d’interpeller Aly Ngouille Ndiaye et Aymérou Gning.