[19]. Un saint d’une vraie valentine
Les histoires de saint valentin sont toujours belles à raconter parce que l’amour n’y est pas très loin. En réalité, c’est le cœur qui nous fait jouer des rôles qui nous dépassent jusque dans notre imagination. Avec le recul, on se demande comment on a pu avoir la capacité de faire ceci et cela. Cette histoire ne fait pas exception mais a une particularité déconcertante.
L’histoire que je vous raconte aujourd’hui s’est déroulée le 14 février 2014, jour de la St valentin. C’est donc un rejeton de Tonton Massamba qui en est l’acteur principal. Il venait de connaitre la fille et la St valentin était l’occasion rêvée pour lui montrer qu’elle avait fait le bon choix. Il fallait par conséquent pouvoir contribuer aux histoires de saint valentin qu’on se raconteraient entre copains.
Mon cousin n’avait cependant pas mis beaucoup d’argent de côté pour assurer les frais d’une soirée digne de ce nom. Il n’avait pas non plus une carte de crédit ou un compte en banque dans lequel il pouvait puiser. N’empêche, en bon gentleman dans une relation si récente, il devait inviter sa linguère à dîner. Quoique cela devait lui en coûter, Goor gorlou rek ba guéne si
En homme galant et gentleman donc, il se prépara toute la soirée. Une minutieuse vérification fut entamée notamment en veillant à ce que les chaussures soient cirées et la chemise repassée. Pour ne rien laisser au hasard, il faut prêter attention aux combinaisons, aux couleurs et aux senteurs. Il avait décidé de « casser » son déguisement et passer plus de temps que d’habitude sous la douche.
Après le diner pris en famille, parce qu’il a quand même pris le soin de bien manger avant d’aller en soirée, il alla au terminus du quartier Liberté 6 prendre un car rapide. Le ticket de transport lui a couté 50 francs et puisque la belle habitait un peu plus loin, un taxi clando compléta le trajet.
Le reste fut réglé par le petit mouchoir, utilisé sur le pas de la porte et vite rangé au fond de la poche. Shuut, motus et bouche cousus, goor day bari fém
Wayé nak, mademoiselle yi do andak niom diléne dougal ak car rapide wala diléne dokhlo. Day wagni sa côte té kouy wout té amago amna visage bo wara woné. Aby Ndour néna « Gor reka soneu« .
Après des salamaleks avec les membres de la famille et l’autorisation de la maman (eh oui, c’est toujours elles qui disent oui), ils prirent le chemin du centre ville.
Ku doylo sa ngur done buur
Tonton Massamba lui avait appris qu’il fallait viser la lune parce que si on l’a raté, on pourra tomber sur les étoiles et devenir une star. Ce qui est mignon avec les nouvelles petites copines, c’est qu’elles vous laissent toujours faire lors de la première rencontre. Mon cousin prit alors le parti non pas de passer commande pour deux, ce qui serait quand même gros, mais de demander à Mademoiselle de ne pas ignorer la colonne de droite. Les prix.
Et finalement, la fille commanda des nems. Juste quelques nems. Les filles comprennent très vite les non-dits d’un discours teinté. Cousin ne commanda pas non plus, ayant déjà pris son dîner chez lui. La serveuse leur offrit de l’eau pour faire passer. Mala wakh lii.
A l’issue d’un tête-à-tête très court de leur point de vue, Cousin ramena la Linguère chez elle, en taxi, pour montrer aux vieux qu’on leur a ramené la perle toute entière, comme promis. Service accompli.
Il ne lui restait que quelques pièces pour payer le ticket. Le taxi devint trop inaccessible. Il dut tranquillement rester deux bonnes heures à l’arrêt puisqu’il faisait nuit et les véhicules venaient en compte goutte.
Aucun regret puisque la demoiselle fut heureuse, le sourire se lisait sur son visage. Le plus important pour elle était de faire une virée nocturne, aux frais du gentleman et de pouvoir raconter sa soirée aux copines le lendemain.
. Rekk nak!