[29]. Des tickets de caisse pour un bol de « Tiéré »
La scène que je vous narre cette semaine se passe à Sacré-Coeur 3, un des quartiers résidentiels habité par la moyenne bourgeoisie de Dakar. Si jamais vous vous retrouvez un vendredi soir dans les parages, faites-y un détour pour … compléter mon histoire. Il se pourrait qu’un détail m’ait échappé.
Ayant eu vent de cette histoire, j’ai voulu en avoir le cœur net et me suis organisé pour voir cela de plus près. Vous êtes sûrement au courant de mes quêtes d’histoires vraies puisque je perçois de plus en plus vos curiosités à force de vous voir déambuler à travers mes boulevards.
Ces menus de citadins
Avant d’aller plus au fond des choses, je dois vous confesser que c’est à Dakar, capitale du Sénégal, que j’ai découvert le menu Tiéré (couscous) au dîner du vendredi et de la bouillie (lakh wala fondé) pour le dimanche. Je ne sais pas si c’est la nostalgie de pratiques villageoises mais ce rituel semble plaire au plus grand nombre.
Mon oncle Massamba m’avait quand même fait noter que ce menu au dîner s’est imposé parce que le dimanche est un jour de repos pour les diank et les bonnes dames qui restent dans les foyers ont la paresse de cuisiner. Dama nettali rek, nay leer!
Cependant, ma presque tantine, la femme de mon oncle donc, m’a rétorqué en aparté que le déjeuner est généralement copieux le dimanche et se déguste un peu plus tard en fin d’après-midi. C’est pourquoi une bouillie plus légère suffit au dîner.
Qui a tord, qui a raison? J’arbitre pas les conflits de mon oncle. Il reste quand même constant que les détaillants de lait caillé sont « assaillis » chaque soirée du dimanche par les enfants qui retournent avec les sachets de 200 et 300 francs. J’envie les enfants bouléne borom soow bi mayé touti sen lokho.
Ce qui se passe à Sacré-Cœur est à un palier supérieur. Ce vendredi donc, à l’heure convenu, j’ai décidé d’en savoir un peu plus sur la fameuse Mère Tiéré. La patronne étant retenue par les embouteillages. Elle n’habitait pas le quartier.
Topal rang bi way
A l’appel de notre numéro et par un geste mille fois répété, Mère Tiéré remplit notre récipient d’une importante quantité de couscous fumant.
Au loin cependant, j’aperçus de l’autre côté de la ruelle la concurrente de la bonne dame. Elle n’était pas trop envahie par la clientèle comme notre Mère Tiéré. A voir comment elle somnolait et dodelinait de la tête, son esprit et son corps étaient occupés à autre chose.
Par curiosité, nous sommes allés nous approvisionner chez elle aussi. Au final, je n’ai pas trouvé de différence fondamentale entre le couscous « gros grain » de Mère Tiéré et le couscous plus fin de la concurrente. C’est probablement mon palais qui n’était pas préparé à différencier les goûts.
Dans la popularité de ce commerce de couscous, il y a certainement l’élément de proximité avec des clients du quartier. Il y a également la qualité du produit vendu mais il y a surtout cette petite histoire, ce brin d’initiative qui attire quelques curieux comme nous.
Faudrait qu’elle se paie les services de Thierno Alpha, ce peul grand spécialiste du sougouf, pour bénéficier de la fameuse poudre « je vends ». Toute une histoire.
Peut être du marketing à l’état brute? Les spécialistes de la communication apprécieront.
2 COMMENTAIRES
la prochaine fois hanna tu fera un tour chez tata Diay fondé oups diaykatou fondé
Effectivement, ce serait très sympa de partager avec vous l’histoire d’une de ces bonnes dames. Je vais en chercher mais n’hésitez pas à m’en suggérer une qui vous a marqué.