[35]. Le silence bruyant des secrets d’Etat
Des secrets d’Etat sont-ils régulièrement publiés dans les médias? Que ceux/celles qui ne se sont pas délectés des bonnes feuilles du livre « Pour l’honneur de la gendarmerie… » lèvent la main. N’ayez aucune crainte, levez bien haut. Voilà 1…2…3…etc.
A vous qui avez levé la main, j’ai une question pour vous: Et s’ils nous manipulaient encore une nouvelle fois? Et s’ils voulaient détourner notre attention sur autre chose de plus « choquant »? Certains se sont dits choqués par ces révélations, d’autres ont acquiescé et débité du khamone nako.
Tant que notre rôle ne se limitera qu’à lire et à commenter sans plus, nous n’aurons pas envie que cette histoire connaisse son épilogue. Chaque matin, on guettera avec gourmandise des filets de ces bonnes feuilles et telle une drogue, on en consommera encore, encore et encore, jusqu’à l’overdose.
Quelques affaires pour situer le contexte: drogue dans la police, enregistrement de Moustapha Cissé Lô, 400 millions donnés à notre You national, brûlot sur la gendarmerie, Wade a enrichi sur la caisse noire, etc.
Toutes choses qu’on voudrait garder sous le voile du « Secrets d’Etat ». En réalité, le mécanisme est simple et bien rôdé. Jusque là en tout cas. Ils doivent juste nous faire croire que nous serons en danger si jamais nous nous intéressons ou sommes informés de ces mauvaises odeurs.
En bon père de famille, il faut que cet État nous préserve des combines, coups bas et manipulations pendant que nous sommes occupés à chanter et à danser. Il faut que notre esprit soit hors de portée des mauvaises influences, de la lutte de pouvoir entre nos dirigeants à qui Dieu a confié nos destinées ou des effluves de l’argent parce qu’il y’ en a pas pour tout le monde.
Pour ce faire, ils nous ont savamment bassiné avec ces trucs de Père de la Nation et de Secret d’Etat officiellement visé du sceau de la confidentialité. Tout un système, toute une philosophie. Que de la théâtralisation
J’ai entendu ce dimanche le célèbre Serigne Mor Mbaye parler de thérapie que ces acteurs du système s’appliquaient pour faire face à leur « souffrance ». Ils agissent généralement en connaissance de cause sans ignorer que le système réagira par une répression brutale.
Non pas en sanctionnant les fautifs mais en mettant tout en œuvre pour dissuader d’autres « volontaires » à emprunter la même voie. Foum djibé rek, nga door mou nor. Bou niaré, niéte niou teudj séne lamègne!
Des échappées jusque là solitaires
Snowden a dévoilé le secret des écoutes téléphoniques aux Usa. La réalité est qu’il est en exil, recherché par les autorités de son pays et sa tête mis à prix. Wanted. Dead or Alive. Ceux qui ont été les grandes victimes de ces intrusions dans leurs systèmes n’ont cependant rien voulu savoir de lui pour éviter de s’attirer les foudres de l’Oncle Sam.
Cheikhna Keita a dévoilé le secret du trafic de drogue dans la police. La réalité est qu’il a été radié de ce corps et ses accusés blanchis et promus. Même le Fou Malade qui a voulu interpeller les animateurs de ce système sur l’urgence d’agir a été interné avant d’être sauvé par le gong de la justice.
Le Colonel Ndao vient de révéler les deals qui se font au sommet de la hiérarchie de la gendarmerie. La réalité est qu’on réfléchit plus aux mécanismes de dénigrement et de sanction qui lui seront appliqués qu’à fouiller plus en détails la réalité dans ses histoires. Cette fameuse déclaration « le Colonel sait ce qui l’attend » nous prépare donc à la suite.
Comme dans les histoires mafieuses, on cherche à instaurer la loi l’omerta au l’intérieur comme à l’extérieur du système. Sauf qu’il se trouve toujours qu’un bon espion est là pour infiltrer le système ou alors c’est un « frustré » qui joue au délateur (ou au lanceur d’alerte pour faire plus fashion).
Dans tous les cas, le résultat est le même. Le système vacille, tend vers la rupture et dans un réflexe de survie, il renait de ses cendres. Pendant ce temps, le héros est seul, sous la menace du système qui le range aux oubliettes après l’avoir dénigré. Inquiet et amer, il ne se retrouve préoccupé que par sa survie.
Et arrive le moment où il doute de la justesse de son action. Autour de lui, personne. Au moins d’être sauvé par une commission d’enquête parlementaire. Pourquoi pas?