[48]. La nuit, toute Belle est une prostituée
Il se dit que toute jeune dame trouvée seule en certains endroits, est supposée être une prostituée. Effarant ! La question de la prostitution au Sénégal est une thématique qu’on évoque peu. Ce n’est pas tant la pratique qui pose problème puisqu’elle est organisée et non interdite. La difficulté se reflète cependant dans les faits notamment par le caractère parfois discriminant des contrôles. Ce n’est plus abusé de dire qu’aux yeux des forces de sécurité, toute fille seule la nuit est une prostituée. Voilà comment cela se matérialise dans les faits.
Le titre vous a peut être choqué mais la pratique choque plus surtout lorsqu’elle est l’œuvre de certains agents de la police. Oui, à l’occasion et dans le cadre d’opérations de contrôle d’identification, ils se livrent à des abus. Dans leur entendement, toute fille seule, la nuit, est une prostituée.
L’histoire m’a été racontée par une amie qui a vécu un réel traumatisme entre les mains des forces de sécurité. Elle était vers minuit à la plage avec ses amies pour prendre l’air, un soir de canicule. La police, en mission de vérification, se sont donc rapprochés d’elles en demandant tout de go « Vos carnets sanitaires svp ».
Le raccourci est simpliste. Vous êtes une femme ou une jeune fille, en groupe ou esseulée, le soir au-delà de 22 heures et le tour est joué: vous avez le profil de la parfaite prostituée. A vous désormais de prouver que l’accusation n’est pas fondée. Elles ont répondu à l’agent qu’elles n’en avaient pas et n’en avaient d’ailleurs pas besoin.
Et hop dans le « panier à salades », direction le commissariat de police pour un contrôle sur place, sous la menace du délit de défaut de carnet sanitaire (DCS). A défaut d’une carte sanitaire, qui dit en passant n’a pas vocation à identifier un citoyen, il leur a été demandé une carte d’identité qu’elles détenaient déjà par devers elles … depuis le départ.
Ils n’avaient pas jugé nécessaire de la leur réclamer au moment de les embarquer parce qu’ils avaient simplement considéré qu’une fille n’avait pas la liberté, à toute heure, de se déambuler d’un lieu à un autre pour le simple plaisir de sortir prendre l’air. Non, kouciy takhawalou goudi, thiaga nga, un point, c’est tout.
1 Commentaire
L'histoire que vous décrivez entre dans ce cadre mais il faut se rendre à l'évidence que les gens vont dans les filaos. Il est également avéré que des prostitués vont à la plage. Maintenant, considérer toute femme qui fréquente la plage à cette heure est une réelle discrimination fondée sur le genre.