[66]. Référendum : 61,74% de fuites de responsabilités?
Le référendum a vécu et les débats vont bon train sur l’interprétation des résultats. Dans ce débat entre la majorité et l’opposition, les électeurs ont choisi de s’abstenir. Pour quel message? La Cour d’Appel de Dakar a publié les résultats officiels du référendum du 20 mars 2016. La note est effarent : 38, 26% de participation générale, soit 2 164 667 de suffrages exprimés sur 5 000 000 d’inscrits.
Une première lecture indique qu’une frange importante de la population électorale a volontairement décidé de ne pas voter. Le référendum comportait deux réponses, oui ou non, sur les points proposés par le Président de la république. En passant sakh, où est Dié Maty Fall?
Mon billet d’aujourd’hui n’a pas pour objet une interprétation des résultats électoraux. N’en étant pas un spécialiste, mon analyse pourrait donc être biaisée ou à tout le moins mal fondée. Je m’oriente plutôt vers une lecture citoyenne du score qualifié d’inédit dans l’histoire référendaire de notre nation.
Notre contrat social
Je fonde plutôt mon argumentaire sur ma compréhension du rendez-vous électoral. C’est véritablement un dispositif important du contrat social puisque nous sommes sous un système de délégation de pouvoirs. Dans ce système, certains d’entre nous ont reçu de nous pouvoir de parler et d’agir en notre nom.
Nous leur avons dit à peu près ceci :
« Vous êtes de ceux qui présentent les meilleurs profils en raison de compétences vérifiées, supposées ou de rêve partagé. Nous mettons une partie de nos richesses à votre disposition, faites de votre mieux et rendez-vous à date pour évaluer ».
Et donc un référendum, comme tout rendez-vous électoral, était un moment d’évaluation ou de rêve partagé. Celui qui nous dirige depuis 2012 et jusqu’en 2019 au moins, nous a proposé son rêve, son chemin de prospérité pour l’avenir. Qu’a-t-on dit? Qu’ont-ils fait? Cette question s’adresse à chacun(e) des 61,74% de sénégalais qui se sont abstenus.
S’abstenir, c’est-à-dire?
Dans nos systèmes, l’abstention ne vaut pas grand chose parce que le message n’est jamais clairement perçu. Par exemple pour ce référendum, rien ne nous permet d’avancer que les abstentionnistes étaient partisans d’un camp ou d’un autre et j’ironise généralement en affirmant qu’un taux d’abstention n’est pertinent que pour une histoire électorale.
Niaka wakh sa khalat waroul am sim réew et chacun de nous devait se dire de dire la manière et les méthodes avec lesquelles il veut/doit être gouverné. J’imagine que ceux et celles qui ne se sont pas exprimés l’ont fait pour plusieurs raisons. On invoque souvent l’attitude de nos hommes politiques. je dis raison de plus pour avaliser ou sanctionner.
Faire semblant, oui faire semblant, de ne pas se mêler de ce qui nous regarde et nous oblige pour l’avenir, ne me semble pas être la meilleure posture. Et d’ailleurs, nous ne valons pas mieux que tous ces mauvais gouvernants, si au moment de décider, nous ne sommes pas en mesure de sanctionner leurs « mauvais comportements »
Les peuples que nous considérons développés ne l’ont pas été parce que leurs dirigeants ont été plus consciencieux, plus éclairés ou plus intelligents que les nôtres. Du tout. Ils sont tous les mêmes est-on tenté de dire. La différence réside essentiellement dans la partition de chacun. A eux d’agir, à nous de juger. Une abstention n’est pas un jugement.
En réalité, nous n’avons pas le droit de tourner le dos à nos dirigeants ni feindre d’ignorer leurs actes. Chaque citoyen doit aujourd’hui et demain remplir sa part du contrat social. Nous ne pourrons jamais nous affranchir d’eux parce qu’ils ont choisi d’être des hommes politiques et ils/elles nous dirigerons aussi longtemps que ce pays gardera son système.
S’exprimer sans ambiguïté
Si nous sommes en mesure de distinguer le bon dirigeant du mauvais, si nous sommes en mesure de déterminer le bon système du mauvais, pourquoi devrions-nous garder le silence et nous laisser vers un avenir et par des chemins que nous savons sinueux? Pourquoi?
La citoyenneté est pour moi une attitude, faite de surveillance, d’interpellation et de sanction positive ou négative à chaque échéance. Ce que nous dénonçons dans le comportement de nos leaders et qui fonde notre abstention, n’est en réalité que la conséquence de notre propre attitude de retrait ou de désintérêt.
Je n’ai pas vocation à donner des leçons de civisme ou de citoyenneté mais en lisant ces mots et en concluant par « ce gros con raconte sa vie », l’autre qui passera après toi ou qui était là avant toi n’entendra au final qu’un seul son de cloche, la mienne. Et si prenant pour argent comptant ce que je dis, il se trompe, tu auras tort de croire que tu n’y es pour rien.
1 Commentaire
Cette analyse donne une nouvelle perspective de la lecture des résultats électoraux. Elle ne prend pas en compte cependant le fait que l'abstention n'est pas toujours fondée sur des raisons volontaires. Certains ont perdu leurs pièces, d'autres ont voyagé loin de leurs lieux de vote et d'autres encore n'ont pu pour des raisons techniques participer à l'opération. Je suis cependant d'accord avec toi qu'une élection est un grand moment et chaque citoyen doit faire de son mieux pour y participer