[8]. Saviez-vous que vos ordures reflètent votre personnalité?
La collecte et le traitement des ordures est une question centrale dans la gestion d’une cité. Nous sommes donc d’autant plus concernés que nous avons un rapport assez particulier à notre environnement. Il reste que la bagarre entre acteurs ne profite pas à la communauté et donc pas utile de les renvoyer dos à dos. Au demeurant, sommes-nous déjà disposés donc à questionner nos propres attitudes?
Tay nak bénéne tiow la indi, disons que je relève une réalité que nous vivons en tant que producteurs de déchets. Et d’ailleurs, lorsqu’on évoque la problématique des ordures en public, la principale information concerne notre « décharge de référence ». Mbeubeuss est connu du public même si peu savent la localiser
Mbeubeuss est la plus grande décharge d’ordures du #Sénégal Il s’étend sur plus de 175 ha et reçoit 5000 tonnes de déchets par jour #SnStat
— Sénégal Statistiques (@senegalstat) 29 Avril 2013
C’est pour cette superficie et les milliards générés par le traitement des ordures que gouvernement et collectivités locales se disputent. Même si le jeu en vaut la chandelle, le résultat positif pour la communauté n’est pas toujours garanti. Surtout qu’un troisième larron n’est jamais loin pour revendiquer sa part du fromage. C’est ainsi que les agents du nettoiement s’illustrent par des grèves répétitifs, justifiées ou non.
Les ordures ont envahi Dakar depuis hier. Une grève illimitée des concessionnaires qui réclament 2 milliards d’arriérés de paiement à l’Etat
— Mr. BoOmbastic PlO™ (@Boombasticplo) 12 Décembre 2013
Les zones de décharges, désormais connues, sont également le lieu où se jouent des drames humains. En ces lieux où la capitale montre son autre visage, on retrouve des êtres sur-vivants mais surtout de petits non-vivants. Ces enfants si vulnérables et si innocents sont à l’abandon, loin du cocon famille qui devait être leur lieu de résidence. Et pour ne rien arranger, la presse minimise ce phénomène sous le registre des faits divers.
#Sénégal Mbeubeuss (dépotoir d’ordures): 32 corps de nouveau-nés découverts depuis fin 2012 http://t.co/X6NupMIGtY
— NF DIAW (@nfstyle) 17 Mai 2013
Et finalement, quel rôle est-on appelé à jouer en tant qu’acteur de cet environnement?
Impact des ordures sur notre environnement
Dans notre pays, on discute moins souvent des conséquences visibles de la prolifération des ordures. On ergote également sur la pollution que le dépôt sauvage entraîne sur notre environnement immédiat. Immédiat serait d’ailleurs trop dire parce que plus la senteur nous est loin, mieux l’exemple est parfait. En matière de gestion d’ordures d’ailleurs, il nous est difficile de déceler l’endroit idéal pour déposer ses ordures.
En 2013, 40% de la surface des océans sera recouverte d’ordures et de plastiques flottants: http://t.co/KUSnUsgiLB via @greenetvert #climat
— U.S. Embassy Senegal (@usembassydakar) 12 Juin 2013
Et puis, on peine tous à comprendre les tas d’ordures qui jonchent les rues plusieurs jours de lendemain de fêtes. Si vous souhaitez en avoir le cœur net, passez par les marchés Petersen ou Hlm pour vous faire une idée de notre rapport à la propreté. Avec les peaux de moutons, les pattes de coq ou les sacs de soblé, Dakar offre une image hideuse les lendemains de fête.
Dans ce schéma précis, chacun renvoie la responsabilité sur l’autre et nul ne se sent finalement impliqué dans la résolution du problème. Même nous consommateurs, producteurs de déchets en provenance de nos maisons et appartements. Qu’on l’admette ou non, notre contribution dans la production des ordures ménagères donne une idée de notre niveau d’éducation, pas seulement citoyenne mais personnelle.
Nettoyer son environnement. Arrêter de jeter les ordures dans la rue. C’est aussi un devoir civique…. http://t.co/MBi1VJHfxG
— Mouhamadou M Sow (@sowameta) 18 Septembre 2013
Dans les agglomérations où l’on note une bonne préservation de l’environnement, les autorités chargées de la gestion de la cité ont pris les mesures idoines. Ici, la mesure la plus simple semble être la décision la plus indomptable.
Des poubelles désespérément introuvables
Il n’est pas rare de voir une personne jeter son cassou café ou de ataya dans la rue après les dernières gorgées. Il est tout aussi fréquent de voir ces coquettes dames jeter des bouts de mouchoirs en papier après avoir essuyé leurs chaussures avec. Aujourd’hui encore, nous considérons normal le fait de jeter ses khottou guerté, peaux de bananes ou mboussou tangal après en avoir savouré le contenu.
Chez nous, le mbalitt est très composite. Nos bonnes dames principales intéressées ne font pas l’effort de trier les composantes solides et minérales, aussi les wassine torou dieune côtoient les morceaux de tissus. C’est pourquoi, il en faut de peu pour que tout pourrisse sauf qu’à notre décharge, on ne nous a pas appris ce traitement. Il faudrait donc qu’une sensibilisation accrue soit portée sur ce point.
Les sénégalais ne sont pas sales par nature et je ne suis pas sûr qu’il y’ ait un peuple qui le soit. A voir nos maisons, salons et belles tenues, nous pouvons faire preuve d’élégance et de propreté. Dans les pays aux rues propres, une commune volonté est confirmée par des mesures coercitives ou incitatives. Je reste fermement persuadé que nous pouvons y arriver.
C’est vrai que la disponibilité des poubelles dans l’espace public n’est pas encore la chose la plus partagée au Sénégal. Je note quand même que des efforts sont entrepris par la municipalité de Dakar avec l’installation de poubelles dans certaines artères. A défaut, des mesures individuelles doivent être prises et cela ne nous coûte pas grand chose.