[5]. Faut-il généraliser les toilettes publiques?
Uriner dans la rue est une pratique courante au Sénégal. Bien que ce ne soit ni esthétique, ni recommandé, certains continuent à s’y prêter, quitte même à être filmé à leur insu.
Cet article m’a été inspiré par la célébration de la Journée internationale dédiée aux toilettes, la première du genre à ma connaissance. J’imagine que l’ampleur du phénomène a fait que les Nations Unies aient jugé opportun de dédier une journée afin d’attirer l’attention du monde sur cette situation.
Merci donc à JollOfaL de nous rappeler cet événement. A en croire son tweet, c’est d’un chiffre à six zéro dont on parle
La Journée mondiale des toilettes, célébrée, fait rire et sourire. Pourtant, l’inaccessibilité à des latrines salubres 2,6 milliards
— JollOffaL (@jolofal) 19 Novembre 2013
Avec les inondations qui ont eu cours ces dernières années, la question de la salubrité continue à être évoquée. Dans certaines zones, l’accès aux latrines était impossible, poussant les habitants à uriner dans la rue. Il est courant de voir dans les artères de nos villes de gros mâles uriner dans la rue, aux abords d’un mur, sous un arbre ou d’un terrain vague.
Je me rappelle d’ailleurs d’un reportage qui est passé sur la 2stv à l’émission de Pape Alé Niang. Le vielhomme filmé à son insu a dit tout le mal qu’il pensait de cette attitude. Il a tout de même nié devant les caméras s’adonner à cette pratique lorsque le journaliste l’a interpellé. Ce n’était pas une bonne idée de lui montrer l’enregistrement fait auparavant sur son acte, mak kéneu douko tignal
Par habitude ou par besoin
C’est vrai qu’il fait vilain de salir les murs des autres. C’est d’autant plus frustrant que personne n’admettrait qu’on urine sur le mur de sa propriété. Cela renvoie tout juste à notre conception de l’espace public. Tant que cela ne nous touche pas personnellement et directement, on peut y aller à gogo. Et c’est notre manière de nous conduire qui est interpellé, comme l’indique et c’est à ce niveau que ce problème d’éducation et de civisme se pose.
@jolofal c’est un problème d’éducation et de civisme. Les toilettes publiques peuvent être une option. Les poubelles c’est un autre sujet.
— Domou_Ndar (@Domou_Ndar) 21 Novembre 2013
Il y’ a peu, on pouvait fréquemment recevoir une personne qui avait besoin de se soulager face à un besoin pressant. On était presque sûr d’avoir rendu service. Aujourd’hui le monde a bien changé. Nous voyons les étrangers comme des menaces et il faudrait qu’ils aient accès à nous d’abord. Nous vivons dans des appartements toujours fermés et faire place aux dames est plus tolérable.
Tonton Massamba qui est devenu siroumane me faisait remarquer que les chauffeurs de taxi étaient plus susceptibles de se retrouver dans cette situation. Ils sont dehors à longueur de journée et les choix ne sont pas toujours disponibles. La ville de Dakar ne dispose pas de toilettes publiques à la portée du premier venu.
Aménager des toilettes publiques
Certaines mosquées ou églises dont les toilettes étaient ouvertes au public ne le sont presque plus. Cela est du à plusieurs raisons dont la première est l’état de saleté, de sorte que personne ne peut les fréquenter. Il peut arriver également la personne préposée à son entretien parte…avec la clef.
J’évoquais tantôt des chauffeurs de taxi pour relever qu’ils n’avaient comme alternatives que les stations d’essence. Il est encore courant de voir un chauffeur de taxi uriner dans la rue mais c’est du également au fait que peu restent utilisables. Hormis ceux de la chaine EDK Oil qui a aménagé des urinoirs avec commodités (propreté, eau disponible, système d’évacuation, c’est le vide.
A certaines occasions, des urinoirs mobiles sont implantées dans des lieux pour permettre aux gens de se soulager. J’en vois souvent aux foires et dans certains darals pendant les fêtes de Tabaski. Je ne sais pas ce que cela coûte en investissement mais le coût en vaut la peine. On devrait en faire des installations permanentes sinon les murs seront toujours la cible.
Pour le moment, la seule idée de génie disponible est d’écrire sur son mur « interdit d’uniner, amende 1 000 francs ». Etant jeune, on nous mettait en garde contre cette pratique. Notre oncle nous disait de faire attention parce qu’en urinant dans un endroit où des génies avaient l’habitude de séjourner, nous pourrions les vexer.