9 septembre 2024

[170]. Un agronome est un créatif, un homme aux 12 métiers

 [170]. Un agronome est un créatif, un homme aux 12 métiers

Abdourahmane Diop est ingénieur agronome. Passionné par la recherche agricole et la communication pour le développement, il a créé en 2014 AgriMedias, un blog où il partage ses réflexions sur l’agriculture en Afrique en général et au Sénégal en particulier.

Il utilise également les réseaux sociaux pour réaliser une veille digitale sur l’agriculture par le biais de #SunuMbay afin de promouvoir l’engagement des jeunes dans l’agriculture et mettre en évidence les énormes opportunités dans ce secteur. Il est aussi consultant agronome et agripreneur.

Abdourahmane a accepté de se soumettre à l’exercice CINQ+1

Quel est votre métier Abdourahmane ?

Je suis ingénieur agronome. Plus précisément ingénieur agroéconomiste c’est-à-dire un agronome spécialisé en économie et sociologie rurales. C’est un métier qui allie à la fois la curiosité d’un chercheur et le pragmatisme d’un ingénieur.

Mon rôle en tant qu’agronome est de mobiliser mes connaissances et expériences afin de trouver la meilleure combinaison possible des différents facteurs (physiques, techniques, socio-économiques, humains, financiers) des politiques et des techniques nécessaires à la production, la transformation et la commercialisation des biens agricoles.

Le but étant d’optimiser les extrants, c’est-à-dire s’assurer que les populations ont accès à une nourriture saine, équilibrée et nutritive. Je suis un artisan qui dessine les contours du développement rural mais également un praticien.

Qu’est ce qui vous plait dans l’exercice de ce métier, ce qui vous donne envie de l’exercer au quotidien ?

Ce qui me fascine le plus dans l’exercice du métier d’agronome, c’est la relative polyvalence. L’agronomie peut mener à tout. Prenons le cas d’une céréale comme le fonio, longtemps oubliée du reste. Si elle s’invite actuellement sur la table des plus grands chefs du monde, c’est qu’il a fallu des années de recherche pour trouver les meilleures variétés ou les meilleures semences qui puissent faire face aux défis tels que le changement climatique.

Il a fallu également trouver des aménagements adéquats pour mobiliser l’eau, travailler le sol ou améliorer leur fertilité en intégrant la production animale par exemple. Mais plus important également, concevoir des financements adéquats pour les différents acteurs des chaînes de valeur agricole (agriculteurs, transformateurs, fournisseurs d’intrants etc) et s’assurer de la rentabilité et l’efficacité de tout ceci.

Tout ce processus fait appel à un moment ou à un autre à l’agronome, selon sa spécialisation : génie rural, agroéconomiste, spécialiste de la production végétale ou la production animale, spécialiste de la foresterie ou de la science du sol.

L’environnement dans lequel exerce un agronome est très changeant. Nous avons la particularité d’être dans un domaine où le risque zéro n’existe jamais. C’est un environnement qui vous défie tous les jours. Et c’est cela qui rend le métier encore plus intéressant. Il faut prendre tous les facteurs en compte : les facteurs physiques (la pluie, le sol, les vents etc) qui peuvent changer du jour au lendemain. Il y a aussi les réalités sociologiques qu’il faut prendre en compte.

C’est un métier qui demande donc beaucoup d’agilité et de créativité. L’agronome peut être considéré comme l’homme aux 12 métiers. Il doit faire appel à plusieurs disciplines dans l’exercice de ses fonctions.

Quel est le cursus (formation académique ou séjour professionnel) qu’il faut ?

Pour être agronome, il y a différents cursus possibles. Au Sénégal, la seule école qui forme des ingénieurs agronomes de conception est l’École Nationale Supérieure d’Agriculture de Thiès (ENSA). On y entre par concours après le baccalauréat S pour ressortir ingénieur 5 années après.

Il est également possible de rejoindre l’ENSA en tant que professionnel de l’agriculture en intégrant la deuxième année. Quant aux étudiants titulaires de licence en science, ils peuvent intégrer l’Ecole à partir de la deuxième année.

Est-ce le métier dont vous rêviez enfant ou c’est plus tard que vous l’avez embrassé ?

Durant mon enfance et pendant tout mon cursus au lycée, j’ai toujours été intéressé par la physique avec un grand intérêt pour les petites particules. Curieux de savoir ce qui se passait dans l’infiniment petit, j’ai toujours eu un amour pour la science. Cependant, faire l’agronomie ne m’a jamais traversé l’esprit. Du moins jusqu’en classe de terminale. Même le jour où je suis parti faire le concours de l’ENSA, je n’étais pas assez emballé par cette formation.

L’amour de ce métier m’est venu vraiment en première année d’études, lors d’un stage en milieu rural. C’est un métier que beaucoup pensent être très réduit. Un agronome n’est pas forcément un agriculteur. Son rôle est d’abord dans la construction du discours scientifique de la pratique de l’agriculture. L’agronomie est plus large que cela. Et il y a différentes spécialisations. Je ne savais pas tout cela en classe de terminale.

Comment pourriez-vous accompagner votre enfant à choisir un métier ?

Il faudrait déjà très tôt qu’il puisse détecter ses talents, ses aptitudes. Je crois que plus tôt on découvre les différents métiers, plus il est facile de faire son choix. Mon choix de faire agronomie s’est fait quand j’ai découvert ma mission, mes convictions. Et surtout ce qui fait que je me réveille tous les jours en ayant la motivation de faire encore plus pour l’agriculture sénégalaise. Je ferai en sorte qu’il puisse trouver très tôt sa passion.

Quel est le métier que vous souhaiteriez qu’on vous présente

Je voudrais bien découvrir le travail des architectes car c’est le premier métier dont j’ai rêvé dans mon enfance.

La rédaction

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