[225]. Un Etat ne peut, seul, réguler les réseaux sociaux
Réguler les réseaux sociaux peut s’avérer utile du fait des inombrables dérives qui y sont notés. Y arriver nécessite cependant une collaboration au niveau des gouvernements, notamment africainsLa régulation des réseaux sociaux peut aboutir à condition que les gouvernements africains légifèrent collectivement en impliquant la société civile et en éduquant les utilisateurs.
Ce 22 mai, le Divan Citoyen a échangé avec Abdoulaye LY sur la régulation des réseaux sociaux. Il est spécialiste en transmission de données et sécurité de l’information.
Cinq mots clés ont retenu notre attention tout au long des discussions : régulation, règlementation, censure, liberté, redevabilité.
Internet, un espace de socialisation et de liberté
Il faut retenir que la thématique de la régulation revient régulièrement dans le discours public, notamment du gouvernement et des religieux. Le 3 février 2021 dans le communiqué du Conseil des ministres, on évoquait un « dispositif de régulation et d’encadrement spécifique aux réseaux sociaux« .
Le projet a davantage était expliqué par le Président de la République ce 1er mai 2O22 : « un texte sera pris en concertation avec les professionnels pour améliorer la régulation qui est aujourd’hui très faible et pouvoir consacrer la liberté d’opinion et d’expression dans le respect de la dignité de chaque citoyen« .
Seulement, on peine jusque là à savoir la direction qu’une telle règlementation prendrait, surtout si l’on se scrute la politique numérique du Sénégal. Vous vous rappelez du Conseil national du numérique? C’est par exemple un cadre qui aurait bien accueilli la réflexion mais le mandat de ses membres semble avoir expiré avant même que l’organe ne commence à délibérer.
En posant le débat autour des questions pourquoi, comment et par qui, nous espérions comprendre davantage ce qui relevait de chaque acteur et de l’ordre du possible parce qu’on parle d’Internet. Nous avons beaucoup appris et surtout précisé certaines choses qui nous ont semblé fondamentales.
La régulation n’est envisageable qu’à une échelle globale. Voilà la conclusion à laquelle nous a mené notre discussion d’environ deux heures et demie mais essayons de résumer.
Pour réguler les réseaux sociaux, il faudra jouer collectif
Internet, les réseaux sociaux y compris, est un espace de liberté mais qui demeure encadré malgré ce qu’on peut en penser. Et donc du point de vue de nos intervenants, il est nécessaire d’identifier les utilisateurs, ce qui les poussent à (s’)assumer, à rendre compte et donc à s’autoréguler.
Ce processus sera notamment facilité par une meilleure appropriation de l’outil numérique, ce qui passera par une sensibilisation/formation et pour le maximum d’utilisateurs. L’école pourrait être un levier de ce processus, appuyé par une mobilisation des ressources du fonds de développement du service universel des télécommunications (fdsut), comme suggéré dans les échanges.
Même s’il existe plusieurs générations connectées, tous devront s’impliquer dans ce projet, même si les intérêts des uns peuvent entrer en contradiction avec ceux des autres. Il reste que dans ce domaine, la « toute puissance » de l’Etat peut difficilement prévaloir ou à tout le moins s’avérer efficace.
Pour réussir une bonne régulation des réseaux sociaux, il faudrait instaurer un cadre harmonisé à l’échelle du continent. C’est le plus efficace moyen de pousser les compagnies de la Tech à s’adapter aux exigences et règles de gouvernance définies par les instances africaines. La convention de Malabo peut être d’ailleurs un bon point de départ, comme l’a relevé un intervenant.
Une fois défini le cadre global, chaque gouvernement pourra s’en inspirer pour légiférer selon ses besoins. Il faudra également que le processus permette une réelle implication des acteurs intéressés. On vise à ce niveau, au delà du gouvernement, la société civile, les plateformes Tech, les régulateurs, etc.).