9 septembre 2024

[86]. Chauffeurs de taxi, un métier à moderniser

 [86]. Chauffeurs de taxi, un métier à moderniser

wambedmi, oser la citoyenneté

Korité bi fane yi leu rek. C’est également la période à laquelle nous en voulons franchement aux chauffeurs de taxi. Dagniy profito si fête bi« , « Guemougn Yallah« , « Dougn sakh ay dioulit » seront les expressions régulièrement employées

Exercer le métier de chauffeur de taxi ne se limite pas à avoir un permis et une voiture en jaune et noir. Il faudra aussi connaitre les zones où des clients sont sensés se trouver et quelles voies sont moins sujettes aux embouteillages. Le choix de l’heure pour rouler ou se reposer ainsi que l’appréciation des distances pour fixer le tarif doivent être maitrisés. L’expérience fera la différence, y’ a pas d’écoles pour ça.

Ah le wakhalé, notre jeu favori de société occupe une large place dans notre commerce avec les taximen. Sans précipitation ni stress aucune, vous attendrez le chauffeur de taxi qui consentira à vous amener au prix « correct » pour votre destination. D’ailleurs, peu de taxis sont aujourd’hui équipés de compteurs à tarifs et personne n’y recourt.

J’ai toujours pensé qu’il était aisé pour les chauffeurs de taxi d’engranger entre trente et cinquante mille francs en une journée de travail. Celle-ci débute généralement à six heures pour se poursuivre jusqu’à vingt trois heures. Certains cependant optent pour la demi journée (jusqu’à treize heure) avant de donner leurs véhicules en sirou.

La répartition de la cagnotte journalière d’un taxi s’organise généralement de la même manière. Le propriétaire reçoit ses dix mille francs au titre du versement, le chauffeur fait le plein de carburant et s’approprie le reste pour ses dépenses particulières (restauration, crédit téléphonique, dépenses familiales, soutien aux anciens chauffeurs, etc.)

Il se trouve que la collecte de cette cagnotte est des plus ardue et beaucoup n’y arrivent pas sans beaucoup d’efforts. En cause, le nombre exponentiel de taxis à Dakar. Par conséquent, le ministre des transports terrestres et du désenclavement Mansour Elimane Kane a suspendu, en Avril dernier, les travaux de la Commission de délivrance des licences de taxi.

Le secrétaire général du syndicat démocratique des chauffeurs de taxi du Sénégal Modou Ndiaye a considéré que « cette mesure censée régler la question des embouteillages, va permettre aux chauffeurs de taxi et propriétaires des véhicules de travailler moins et de gagner un peu plus car le chauffeur pouvait rouler pratiquement toute la journée sans avoir son versement… »

Des sous tirés d’innombrables gymnastiques

L’offre de transport public s’est récemment diversifiée. Les autobus desservent aujourd’hui des quartiers comme Maristes, Sacré-Cœur ou Almadies jadis non couverts par le réseau public. Dakar Dem Dikk a également renforcé son parc automobile sans oublier les Taxi Clando qui essaient de se frayer leurs propres chemins.

Il arrivent cependant que la moisson soit bonne. C’est le cas lorsqu’un client souhaite être conduit hors de Dakar ou consigne la voiture pour ses courses. L’esprit alors tranquille, on pense même à provisionner pour le lendemain. Et pour ne pas rater, on se fait une virée à la dibiterie pour reprendre des forces et se préparer à mieux endurer la chaussée.

La saison hivernale reste également une belle période pour les chauffeurs de taxi. Lorsque le ciel s’assombrit de nuages qui s’amoncellent, que les gouttes d’eau commencent à perler, les prix montent. On sait à ce moment là qu’aussi bien les habituels que les circonstanciels vont se mettre au taxi. Une simple application de la loi de l’offre et de la demande.

La santé des chauffeurs de taxi est également une déterminante à prendre en compte. Le mauvais état des routes conjugué à la mauvaise qualité des amortisseurs des taxis causent de vrais dégâts corporels. Par ailleurs, la position assise sur de longues durées entraîne souvent l’irruption de maladies hémorroïdales. Il faudrait donc un peu de sport et boire de façon régulière de l’eau pour atténuer la fatigue.

Les chauffeurs de taxi évoluent enfin dans un environnement précaire. Jusque là, ils travaillent sans assurance maladie ni sécurité sociale, sans retraite et sous la menace permanent d’un renvoi. Ils sont la plupart du temps suspectés d’entourloupes ou de manigances avec le mécano parce que la panne est arguée comme raison de non versement.

Des billets soutirés des permis

De l’autre côté, ils vivent la frustration devant des agents de police préposés à la circulation. Je n’ai pas trop envie de m’aventurer sur les offres/sollicitations d’argent à l’abri des regards indiscrets. Tous le nient et Metzo en avait fait les frais.

J’ai cependant assisté cette semaine à quelque chose de tragique entre un taximan et un agent de police. Pour éviter les bouchons vers le pont de Yarakh, le chauffeur de taxi a bifurqué vers Bourguiba avant de se rabattre sur la même voie. Il était 17 heures, l’agent préposé à la circulation l’enjoignit de se garer sur le bas côté et vint vers nous.

« Diokh ma permis bi. Dangéna yakamti wayé tay fileu léne ndogou di fek » nous dira t-il avant de s’éloigner. On était en période de ramadan. En principe, l’agent verbalisateur doit remettre une attestation au chauffeur pour lui permettre de poursuivre sa course. Il était cependant dans des dispositions de « nous faire payer » et immobilisa le véhicule.

Le chauffeur de taxi, avec moi, attendit dans la voiture. Pendant 1 heure au moins, l’agent nous ignora. Je dus finalement me résoudre à prendre une autre voiture pour poursuivre mon chemin. Le taximan qui me prie me raconta avec attendu de 10 heures à 16 heures à la police, l’agent qui avait confisqué son permis ne l’avait pas déposé au commissariat.

Et donc finalement, les raisons de moderniser ce secteur ne manquent pas. Je pense qu’on devrait faire signer aux chauffeurs de taxi un contrat avec toutes les commodités qu’il faut. Même si le versement quotidien demeure, il faudrait penser à un salaire mensuel et à la souscription d’une assurance. En attendant, consentez à payer le meilleur prix et enquerrez-vous de leurs états de santé.

Alaaji Abdulaay

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