[36]. A qui profite le Concours général sénégalais?
Aujourd’hui, je partagerais plus d’interrogations que de réponses. Ce billet s’annonce donc comme ma seconde lettre ouverte adressée à Mary Teuw Niane, ministre de l’enseignement supérieur. Oui, il y’a un moment donc, je lui avait adressé une lettre ouverte consacrée à la recherche.
Je voudrais susciter la discussion sur l’objectif global autour du Concours général sénégalais. Je crois savoir que c’est le Président Senghor qui l’avait institué afin d’identifier de jeunes sénégalais sur qui la Nation pouvait compter pour accomplir sa destinée. N’ayant pas trouvé une document plus importante sur le sujet, je vous invite donc à contribuer au partage de l’information. A la manière de wikipedia.
Je n’ai pas à ce jour accordé beaucoup de crédits aux rumeurs sur cette compétition. Je me souviens qu’un vieux m’expliquait qu’il s’agissait d’une « technique » destinée à recruter de futurs éléments de la franc-maçonnerie. Il me disait que ce groupe avait besoin de produits de bonne qualité, les meilleurs dans différents domaines. Je n’ai pas cherché en à savoir plus.
L’événement qui a lieu chaque année reste donc solennel et majestueux. Le Concours général sénégalais a un effet magnétique. J’avais été sélectionné pour y participer en classe de première au lycée Valdiodio Ndiaye de Kaolack. Je devais, après la présélection, concourir sur le français comme matière où j’excellais. Comme je n’étais pas aussi brillant que ceux de l’époque, je pris part à la remise des prix … devant la télé.
Vous avez dit matière grise
A priori, il faut une combinaison d’investissement personnel (et familial) et de soutien institutionnel pour réussir au Concours général sénégalais. C’est probablement ce qui explique le fait que nos meilleurs établissements raflent toujours la mise. Pour cette édition 2014, le Prytanée militaire, la Maison d’Education Mariama Bâ, le lycée Limamoulaye et le Yavuz Salim ont remporté le palme.
On s’inscrit à Mariama Bâ et au Prytanée militaire par voie de concours et on y séjourne en internat. Les élèves en nombre limité sont donc pris en charge du début à la fin de leurs cycles. Et donc finalement un cadre idéal et un système alliant motivation et compétence sont la clef du succès. Yavuz Sélim (privé) et Limamoulaye (public) restent encore dans la course et voient leurs efforts récompensés.
Je profite d’ailleurs de ce billet pour féliciter le personnel d’encadrement et les élèves du lycée Limamoulaye. Gathié Ngalama
Les lauréats du concours général ne sont pas simplement récompensés parce qu’ils arrivent en tête devant les autres. Ils reçoivent les honneurs de la Nation parce qu’ils/elles sont excellent(e)s, les meilleurs que notre système éducatif produit. Mais que deviennent-ils? Qu’en a tiré le Sénégal? Les a-t-on formé au profit d’autres Nations? Je n’en sais absolument rien aujourd’hui.
Cette question peut également être mise en relation avec les bourses étrangères décernées par l’Etat du Sénégal aux meilleurs élèves. L’un dans l’autre, ils séjournent pour une bonne partie de leurs cursus en dehors de nos universités et écoles de formation.
Pour un établissement d’enseignement supérieur d’excellence
J’avais entendu le ministre Mary Teuw Niane suggérer aux parents de ne plus envoyer les meilleurs élèves à l’extérieur. En conséquence, j’ai naïvement pensé que le gouvernement serait le premier à s’appliquer cette mesure. Certainement qu’il avait en vue de permettre au Sénégal de tirer un meilleur parti à la compétence de ses fils, après autant d’investissements.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde en perpétuelle mutation, dans ses manifestations et ses priorités. Le monde dans lequel nous vivons est avide de connaissances, un environnement dans lequel la matière grise reste encore le produit le plus prisé. Nous ne pourrons donc compter que sur notre capacité à organiser et enrichir notre pépinière et il n’y a pas à aller loin.
Il faudrait instituer un Etablissement d’Enseignement Supérieur d’Excellence qui soit reconnu parce que performant. Ce grenier d’Excellence sera fréquenté par les lauréats du Concours général et les meilleurs bacheliers de notre système éducatif. Il faudra également penser à y faire intervenir les sommités du monde intellectuel et orienter le programme vers nos besoins de développement.
Cette idée recoupe dans une certaine mesure le projet de création de l’Université du Futur africain (U.F.A.) de l’ancien président de la république Abdoulaye Wade. Il ambitionnait de doter l’Afrique d’une institution académique de classe internationale pour la formation de cadres africains de haut niveau.
L’Etablissement d’excellence nouera sans doute un partenariat avec des universités de renom au niveau international. Des universités comme Harvard, Massachussetts Institute of Technology (M.I.T), Paris-Dauphine, Tokyo University ou Beijing University contribueraient à relever le niveau.