6 décembre 2024

[61]. Le Président et l’allergie au respect des engagements pris

 [61]. Le Président et l’allergie au respect des engagements pris

Dans une république qui fonctionne, les rapports entre candidats aux élections et électeurs sont basés sur la confiance réciproque. Les dirigeants sont attendus sur le respect des engagements pris sur la base de mécanismes de reddition des comptes. Quelles sont les conséquences qui s’attachent au non respect des engagements? Quelles rôles pouvons-nosu jouer en tant que citoyens?

Tay mom, j’ai voulu franchir le cap en titrant en wolof mais je n’ai pas trouvé l’expression qui me semblait la mieux transcrire ma pensée. Ce n’est que partie remise mais si vous êtes plus inspiré, allons-y. Je vous propose aujourd’hui ma version de l’histoire du mandat.

Quand j’ai suivi à la télévision l’inconfort dans lequel le président de la république s’est adressé à la nation, je me suis dit que cela ne lui était pas coutumier : position assise, voix presque tremblotante et une grande voie de contournement du sujet comme s’il voulait se convaincre d’abord lui-même.

J’en suis devenu malheureux et cela s’est poursuivi, au fil des minutes. Je ne suis pas sûr de me rappeler des mots qui ont clôturé son discours. Sans savoir pourquoi, j’ai été rageusement touché par ce discours de Macky Sall.

Malheureux de m’être rendu compte que désormais, il était redevenu un président comme les autres, un politicien ordinaire nullement lié par des engagements qu’il se doit d’honorer, un élu du peuple qui se réfugie derrière un avis du Conseil constitutionnel dont il avait dit, en 2012, ce que vous entendrez dans la vidéo en fin de texte.

Pendant que le Président Macky Sall faisait son discours, une seule question m’a traversé l’esprit. Comment se fait-il qu’on en soit arrivé à ce niveau ? Savait-il, ignorait-il que cette promesse n’avait aucune chance d’être honorée? Seul lui-même et ses compagnons peuvent y répondre.

Mais,

l’analyse de ses actes et discours ne me permettent cependant de lui accorder aucune bonne foi. Voyons ce qui suit…

Nous avons tous entendu les acteurs de premier plan des Assises Nationales dire que le candidat Macky Sall a signé la Charte de bonne gouvernance sans réserve, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012. Il a voulu nous faire croire le contraire et donc peu, dans ce machin, l’engageait.

La force de l’engagement

Nous avons tous entendu les membres de la Commission Nationale de Réforme des Institutions déclamer leur lettre de mission avec une compréhension claire des instructions du Président Macky Sall, financé à coups de milliards. Il a voulu nous faire croire que ladite structure a outrepassé ses compétences. Il ne prendra que ce qui lui a convenu.

Nous avons tous entendu d’éminents juristes, y compris son actuel conseiller juridique, dire que l’avis du Conseil constitutionnel n’est pas obligatoire déjà et surtout qu’il ne pouvait l’empêcher de tenir ses engagements. Il a voulu nous faire croire que la « décision » s’imposait à lui en tant qu’institution publique. Dont acte

En nous « vendant leur rêve », les compagnons du candidat APR nous avaient décrit un homme au parcours « exceptionnel »: directeur d’une société nationale, plusieurs fois ministres (Mines, Energie, Intérieur), Premier ministre, Président de l’Assemblée Nationale et présidentiable kar machallah

Il ne pouvait donc ignorer cette procédure de consultation (décision s’il y tient) puisqu’il a été pendant plusieurs années au cœur de l’administration. Il ne pouvait ignorer cette leçon déjà sue du Conseil constitutionnel avec une jurisprudence serinée aux sénégalais « depuis une vingtaine d’années ». Bude li yëp umpone na ko, kone tay kuko méeré togn ko.

Wa légui nak, pourquoi et au nom de quoi je devrais, moi citoyen de ce pays, croire en ce que le Président Macky Sall me  dira désormais? Bou kéneu tontou j’ai la réponse. Lui-même a demandé à ce qu’on le sanctionne s’il ne respectait pas cet engagement. Je suis dans cette perspective. Dégone na magg bou bakh nane « Nitt ko khamné say dieufou tay deupo woul ak say wakhou demb, diaro deuglou ».

La seule chose, à mon sens, que le candidat Macky Sall avait de particulier au regard des autres, c’était cet engagement. Sans avoir la prétention de parler au nom d’autres sénégalais, nous avons tous perçu l’importance de cet élément dans le choix, aussi bien qu’au premier qu’au tour final. Aujoud’hui, on se sent floué, on est en colère et contre nous-même.

Prendre des engagements qu’on ne peut respecter n’est pas acceptable, ni moralement ni politiquement, ni dans n’importe quel registre. C’est que de la tromperie, ay naxaate lë. Il nous a regardé, les yeux dans les yeux, pour nous dire qu’il était différent. C’est à mon tour de lui renvoyer la politesse en lui disant qu’il ne l’est point. Du tout.

Au delà de sa personne, la question fondamentale réside dans la préparation de nos hommes politiques à l’exercice du pouvoir. De quelles informations disposent-ils dans l’élaboration de leurs programmes de gouvernance (économique, social, culturel, historique, etc.)? Sur quoi fondent-ils leurs engagements ?

La question est sur la table et je vous invite à y répondre. En attendant, on remet cette vidéo de sa déclaration sur le Conseil constitutionnel en 2012, pour l’histoire.

Info. Si vous souhaitez pronostiquer sur la personnalité qui va porter ce projet foireux sur la nationalité, n’hésitez pas à rejoindre le débat sur la nationalité

Alaaji Abdulaay

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