[45]. Des usages de Facebook au Sénégal
Facebook et Sénégal, deux mots clés qui ouvrent toute une perspective. Le réseau social s’y développe parce que chacun-e parvient à y trouver son compte selon ses intérêts. Facebook et Sénégal font donc bon ménage
J’ai découvert le réseau social Facebook très récemment. Il y’a juste quatre années et jusqu’à aujourd’hui, je continue d’être émerveillé par la place que ce réseau gagne de plus en plus dans ma vie, la vôtre aussi certainement. Je perçois le stress qu’on peut vivre si on nous annonçait que cette plateforme allait fermer boutique et plier bagage. Ce n’est aujourd’hui qu’une vue de l’esprit mais à y penser seulement …
J’ignore ce que les américains, les chinois ou les burkinabé y font au quotidien mais nous sénégalais en avons une utilisation particulière. Pas que cet usage soit spécifique par rapport à d’autres utilisateurs, elle résulte juste du fait que nous faisons tout. Toute notre vie, imaginée ou réellement vécue, sert à nourrir la plateforme au quotidien.
Avez-vous déjà ressentit ce sentiment de bonheur qui vous traverse le corps, une presque jouissance qu’on vit lorsqu’on « aime ou like » notre post. Un autre j’aime, puis un autre, une dizaine, cinq dizaines, une centaine et on se sent important et subitement intelligent. Et puis vient les commentaires que nous guettons au travers des différents passages de nos amis. Il nous arrive même d’aimer nos propres dires mais j’ignore pourquoi.
A chacun sa place sous le clic
Celles et ceux qui sont en manque d’inspiration publient leurs photos de mariage, de baptêmes ou de virées nocturnes. D’autres encore postent les photos de leurs bébés ou enfants à bas âge. Je ne suis pas sûr que l’avis des enfants est sollicité avant toute publication. Certainement qu’ils se disent plus à même de gérer les intérêts supérieurs de ces bouts de choux. Qui sait?
Sur Facebook, tout est dit gratuit. L’accès aux publications et le clic le sont en tout cas, ce que nous aimons bien suprêmes sénégalais. Je comprend donc qu’il faille en faire bénéficier le plus grand nombre et nous n’avons d’ailleurs que peu le choix. Le réseau social n’a pas mis en place le bouton « J’aime pas » pour certainement éviter que la déception se lise sur nos visages. Positivons donc.
Une grande question existentielle subsiste cependant. Faudrait-il cliquer sur le bouton bleu pour donner une appréciation par rapport à des posts sur des prises d’otage, des tueries, insultes et autres expressions de méchanceté? En attendant d’avoir la réponse appropriée, chacun se débrouille comme il peut: aimer, partager, commenter ou … ignorer
Facebook au Sénégal et les anniversaires, c’est une longue histoire et c’est toujours du lourd, du très lourd même. le réseau social nous facilite dorénavant les choses puisqu’on n’a plus besoin de nous casser la tête avec les dates d’anniversaire. Faut noter qu’en ce domaine, l’évolution technologique a du positif puisque les robots nous déchargent de certaines préoccupations.
Les anniversaires réveillent notre générosité. Entre hbd, joyeux annif, wala sakh doundal cent onze ans sans ordonnance, c’est à chacun sa limite d’inspiration. Et ce n’est pas fini puisque le lendemain, chaque lendemain, l’anniversairiste nous montre avec chaleur et tendresse comment nous avons rendu sa journée e-noubliable.
A chacun son épingle dans le jeu
Certains internautes se prennent néanmoins plus au sérieux sur le réseau social. L’outil est considérée comme une extension de leurs business et ils y sont pour travailler et gagner des sous. Il a même fait naître de nouvelles vocations pour des gens comme moi qui se sont proclamés Community Manager.
En parlant de gestion d’ailleurs, notons que Facebook a quand même démocratisé l’expression au Sénégal. Nous n’avons plus peur de cette censure médiatique qui nous poussait à entrer dans les rangs du socialement correct. On peut d’ailleurs jouer au reporter et nous le faisons allègrement lors de déplacement ou d’invitations de toutes sortes.
Si le journaliste télé n’a d’yeux que pour l’officiel, vous n’avez aucun souci à vous faire. Depuis l’aéroport ou de votre siège, prenez vous en photo, faites votre chapeau et publiez. On verra bien qui du ministre ou de vous apparaît le plus tôt. Vous lui ravirez la vedette d’ailleurs parce que le soir, on se dire ah voilà la manif publiée par Massamba ce matin, le ministre y était. Que demander de plus pour le Sénégal?
Dieu merci, il n’y a pas d’arnaqueurs sur Facebook qui soient du Sénégal. Mais c’est vrai, les brouteurs, ce sont les autres. Nous sommes plus dans le voyeurisme et la drague. Ah ca oui, on adore ça et c’est une des activités sur Facebook où nous sommes tous d’égale dignité. Au Sénégal, on aime pas ces plans dragues compliqués qui nécessitent du temps, de l’engagement et des efforts. Rak Tiak rek
Qu’on se rassure, on n’est pas dans la déviance. Facebook, au Sénégal et ailleurs, se présente comme un espace de rencontres où les gens sont censés se parler, échanger et libres de concrétiser en dehors du réseau. Il y’ a toujours eu ces belles histoires de couples qui se sont formés et qui ont eu pleins d’enfants. Des ménages se sont brisés également parce qu’un des conjoints a été pris la main sur le clavier.
Et puis, y’a tous ces facebook’ers anonymes. Ils lisent tout, ne disent rien mais notent tout. Attention
2 COMMENTAIRES
Wa kouye Zuken nank mome ?
Beug naa dajek mom deh, diss ko samaye sokhla 🙂
Sinon bien écrit, j'aime bien le style !!
Jajeuff
Zuken dé mom la xaalé yi di wër. Qui sait, peut être qu’au détour d’une ruelle, on peut se retrouver nez à nez avec lui.
Merci DG