9 septembre 2024

[185]. Je suis bouchère et héritière de mon métier

 [185]. Je suis bouchère et héritière de mon métier

Madame Anta Diop est bouchère à Dakar. Elle est spécialisée dans la vente de viande de bœuf, un métier qu’elle a hérité de son père. Epouse d’un boucher et mère de famille, Anta exerce un métier dans un environnement particulier puisqu’elle est la seule femme bouchère à la SOciété de Gestion des Abattoirs du Sénégal (SOGAS) de Dakar. Elle nous présente son histoire

C’est quoi ton métier ?

Je suis bouchère. Je vends de la viande, spécialement de la viande de bœufs.

Etait-ce votre rêve de jeunesse ou c’est plus tard que vous l’avez embrassé ?

Je ne rêvais pas d’être bouchère. Cependant, en travaillant au SOGAS anciennement appelé SERAS, comme vendeuse de Soupe Yeele, je me suis découverte une passion pour ce boulot. Le yeele est la patte d’animal utilisé généralement pour faire une soupe nourrissante.

Je peux dire aussi que j’ai héritée ce métier de mon père qui était aussi boucher. Donc, pour avoir grandi dans cet environnement, j’ai développé des compétences en la matière qui me permettaient d’exercer facilement ce métier.

Qu’est-ce qui vous plait dans l’exercice de ce métier et vous donne au quotidien l’envie de l’exercer ?

Ce métier me plait bien parce qu’il me permet de subvenir à mes besoins. Au quotidien et avec les recettes que j’en tire, je peux entretenir mes enfants et supporter leurs frais de scolarité. J’aide aussi mon mari pour les dépenses de la maison et je soutient mes parents. Je suis bouchère depuis quatre ans et aujourd’hui, j’ai ouvert un autre magasin placé sous la gestion de mon frère.

J’ai tout ce qu’une personne désire quand elle travaille et je l’ai grâce à ce commerce. Je rends donc grâce à Dieu, dans la mesure où je parviens à écouler ma marchandise convenablement. Je suis vraiment comblée et m’en réjouis.

Au début, c’était impressionnant pour beaucoup de personnes de voir une femme bouchère. Mais aujourd’hui ça va. Les sénégalais comprennent de plus en plus qu’il n’y a pas de travail réservé, l’essentiel est être déterminé et de ne pas s’adonner à la facilité. Les membres de ma famille ainsi que des inconnus m’ont beaucoup encouragé, ce qui m’a davantage motivé.

Est-ce un métier facile à exercer ?

Dans le domaine de la boucherie, le travail est complexe puisque la moindre erreur peut vous conduire à la faillite. Pour exemple, l’animal que l’on vient juste d’abattre à la SOGAS peut peser lourd mais quand on ne parvient pas à l’écouler rapidement, il perd son poids, ce qui constitue un manque à gagner. Il y’a également le risque que la conservation ne soit pas bonne et que le produit change de couleur ou pourrisse. Dans les deux cas, la viande ne pourra être vendue parce que la clientèle cherche un produit neuf et tout frais.

Par ailleurs, il n’est jamais facile de travailler avec des hommes dans cet environnement. Quand tu es une femme, ils vont toujours essayer de te doubler à chaque fois qu’ils en ont l’occasion. C’est donc à la personne d’être intelligente et de savoir comment agir avec eux, sinon ils te roulent dans la farine.

Est-ce un métier que conseillerez à votre enfant ?

S’il se montre courageux et intelligent, oui ! Comme je vous disais tout à l’heure, ce travail est complexe et la moindre erreur peut vous nuire. Il ne sert à rien d’investir dans une affaire et que vous ne vous en sortiez pas. Ce milieu est monopolisé par les hommes et certains d’entre-eux ne sont pas gentils; s’ils n’arrivent pas à te duper,  ils essayeront de te mettre des bâtons dans les roues.

Quel est le métier que vous souhaiteriez qu’on vous présente ?

Le métier de livreurs de marchandises.

Ps. Le métier de livreur de commandes a été présenté ici

Bintou Cissé

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