[46]. Facebook, un outil de révolution e-citoyenne
Facebook, un outil de révolution e-citoyenne? Deux mots clés combinant un outil et un objectif et faisant de cette génération connectée un acteur majeur du changement. Le plus dur désormais n’est plus de se demander quoi faire. Il faut désormais s’interroger sur notre capacité à assurer la responsabilité qui est la nôtre : agir ou se voiler la face.
Dans un billet précédent, j’évoquais une certaine utilisation que nous faisions des réseaux sociaux notamment de Facebook. Cette plateforme reste populaire parce qu’elle donne la chance à chaque inscrit d’avoir sa propre ligne de publication; à chacun de se faire une place, à chacun de tirer son épingle du jeu. J’y ai évoqué l’émergence de nouveaux médias, une utilisation pour le fun et nos plans drague.
Pour les utilisateurs que nous sommes, Facebook est une plateforme gratuite. C’est en tout cas, ce qui est dit publiquement. Sachons cependant que chaque action, aussi minime ou insignifiante, génère des ressources, chaque clic y est rentabilisé. Pour ne pas perdre au change, nous devons travailler à une utilisation la plus rationnelle possible, pour notamment servir la communauté.
Dans un interview avec le blogueur Cheikh Fall, il nous faisait noter « qu’au-delà du ludique, il faut profiter de toute la superpuissance de ces outils pour bâtir un nouveau système de démocratie participative et stimuler une dynamique citoyenne autour des questions de gouvernance ». Les réseaux sociaux ont aujourd’hui rendu l’information disponible et le changement à notre portée.
Les changements que nous cherchons à promouvoir ne sont pas seulement d’ordre politique, ils touchent à tous les secteurs de notre vie sociale. Parler de changement n’implique pas forcément la survenance d’un ordre nouveau, nous avons la possibilité de relever les avancées dans divers secteurs pour les offrir en exemple. Tout est dans l’approche de notre communication.
Communiquer pour éveiller les masses
L’information permet à chaque citoyen de se forger son propre opinion, notamment sur la manière dont il est gouverné. Elle est donc un enjeu de pouvoir et un formidable outil de pression et de propagande. La « diplomatie de l’information » est aujourd’hui une belle réalité. Qui tient l’information, tient le monde et cette réalité est vécue au quotidien à tous les niveaux d’ailleurs.
L’accès à l’information est aujourd’hui une des plus grandes conquêtes que les sociétés modernes (et démocratiques) s’évertuent à mener. Bien qu’aucune information ne soit aujourd’hui neutre, la pluralité des sources permet une meilleure compréhension des enjeux. C’est donc tout l’intérêt que nous avons à développer la diversité des sources pour l’expression des différentes sensibilités.
Sans ambitionner de se positionner en concurrent des médias dits classiques, l’internaute-citoyen peut contribuer à l’émergence d’une société démocratique et plus ouverte. Plus nous serons en mesure de communiquer à temps réel, plus nous aurons la possibilité d’influer « positivement » sur le travail des médias.
« Internet renferme un extraordinaire potentiel d’expression des droits civiques et de communication des valeurs humaines. Internet met les citoyens en contact sur une agora publique pour qu’ils expriment leurs préoccupations et partagent leurs espoirs » disait Manuel Castells (2002: 203 – 204). Nous avons donc l’opportunité d’apprendre d’ailleurs.
Nouveaux horizons, nouvelles perspectives.
Je ne parle même pas de grandes révolutions. D’autres exemples concrets ont montré qu’un internaute peut, à la base, révolutionner les choses. Les initiatives comme Sama Baat ou Sunu2012 ont développé dans le sillage de l’élection présidentielle de 2012 un contenu à faire pâlir certains sites d’informations.
Plus récemment, la mobilisation des citadins de Dakar autour de l’initiative Non Au Mur a permis, au moins pour un temps, de stopper la construction d’une ambassade turc sur la corniche. Il en a été de même pour l’initiative Buléen Nu Yokk Mar qui s’est mobilisée pour une disponibilité de l’eau potable dans les agglomérations. Chacun de nous peut citer une initiative qui a peu ou prou réussi.
Aujourd’hui, capturer une image et la publier, donner la parole ou rétablir la réalité des faits deviennent des actes qui relèvent de l’ordinaire. Le smartphone est aussi pertinent qu’une caméra de télévision dans la diffusion de l’actualité. Nous avons tous suivi les réactions en ligne à la suite de la conférence de presse du Procureur de la république sur l’affaire Bassirou Faye. Nous ne sommes plus à l’ère du consommateur passif.
Il est évident que nous ne serons pas prêts, au même moment, pour mener à bien ce que je considère comme une mission de notre génération. Certains y croiront, d’autres rejoindront le mouvement plus tard quand ils auront pris conscience de leur capacité de changement. Que ceux qui sont disposés à montrer la voie s’y engagent donc. Maintenant.
El hadj Abdoulaye Seck
Kéneu si wambedmi