[30]. Une vie de Mbed retracée à la foire aux problèmes
Comme tous les bons sénégalais curieux de sentir le pouls du pays, j’étais à la foire aux problèmes initié par le mouvement Y’en a Marre. Le Luuma Jafé Jafé Yi comme ils l’ont intitulé lors de cette deuxième édition, était encore riche en couleurs, en images et en imagination créatrice.
Différentes thématiques ont été exposées lors de cette foire, allant de l’environnement aux droits humains en passant par la santé, le développement et la recherche quotidienne d’emploi.
De l’avis des organisateurs, le luuma a été initié pour permettre aux citoyens et aux organisations de toutes sortes de venir par eux-mêmes exposer leurs problèmes et les solutions innovantes proposées aux concitoyens et aux pouvoirs publics.
L’initiative est heureuse puisqu’il s’agit en définitive de renforcer le pouvoir du citoyen dans la prise en charge de ses préoccupations sans toujours en attendre de l’Etat et des pouvoirs publics.
Pour une manifestation de ce genre, tout a été mené de main de maitre par deux organisateurs de talents que je voudrais ici féliciter Alioune Sané et Gadiaga surnommé Scofield. Pour y avoir été en 2012, je mesure à sa juste valeur l’évolution.
Compagnons d’un jour
J’avais naïvement pensé qu’ils seraient les premiers à fréquenter cette foire pour garder le contact avec cette partie de la Nation. Avoir sous la main une panoplie de préoccupations des sénégalais dans un même endroit me semblait être une occasion rêvée pour tout gouvernant.
Peut être qu’ils étaient occupés à quelque chose de « plus sérieux ».
Ce que je voudrais partager avec vous, c’est cette vie de mbed que j’ai découvert au gré du hasard. Une de ces vies a eu comme cadre ce véhicule, un car rapide.
Pauvres mais solidaires
Le meuz est une déformation supérieure de la séance de thé. L’expression vient de zeum, déjà bien connue. Quatre séances de barada passèrent sous les braises ardentes avant qu’une bonne dame ne vienne nous relancer de trois autres normaux. Elle nous fit don de 1000 francs pour quelques tasses supplémentaires.
Je fis connaissance avec le « zoundou », une manière de vivre et une théorie contributive qui fait de l’individu son propre agent de réussite. « Le zoundou signifie simplement que nous devons compter sur nous-même pour réussir parce que la réussite dépend de deux choses : liguey ak geum sa bopp » m’a dit son inspirateur.
Cette jeunesse devra d’abord compter sur ses propres capacités, donner libre cours à ses idées, ses envies et ses passions créatrices. Cette jeunesse devra exploiter toutes les opportunités présentes et à venir sans avoir peur de l’échec. Elle devra avoir une grande envie de gagner.
La réussite est au bout de l’effort et ceux qui croient en leurs capacités finiront tôt ou tard par dominer le monde. Walay une belle perspective, dans un car rapide.
Les séances de thé au Sénégal restent encore ces moments privilégiés à l’occasion desquelles tout est sujet à discussion. Autour du barada, les langues se délient avec un flôt d’informations qui ferait rougir le plus entreprenant des journalistes d’investigation.
Je reviendrais sur une session spéciale du thé té bi mom dina am gerté kemb, mburu.